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SOUVENIRS POLITIQUES

Castors. Il n’y eut que la crainte de perdre le pouvoir qui put faire taire toutes ces divergences, tous ces tiraillements. Après plusieurs jours d’incubation le nouveau cabinet sortit de l’écaille. Au dernier moment M. Flynn, député de Gaspé reçut un portefeuille ; le Dr Ross avait peur des élections partielles, et il s’était imaginé que personne n’oserait faire opposition à M. Flynn, vu les difficultés de communiquer avec un comté si éloigné. Il ne conserva pas longtemps cette illusion.

M. Tarte n’aimait pas les Castors : il trouvait que le Dr Ross leur avait fait la part trop large dans son gouvernement. Un jour, quand il commença à être connu que M. Flynn serait ministre, M. Tarte arriva à mon bureau et me fit la proposition suivante : « Il est bien probable que Flynn va entrer dans le cabinet Ross ; dans cette éventualité, seriez-vous disposé à aller lui préparer de l’opposition si je vous procure les moyens nécessaires ? » Comme j’étais jeune, plein d’ardeur et que je conservais encore tout chaud, le souvenir de la défection de M. Flynn, je pris cet engagement sans trop me rendre compte de la tâche ardue que j’entreprenais. Quelques jours plus tard, M. Tarte revint me voir et me mit en face de ma promesse. Il n’y avait pas une minute à perdre afin d’arriver à temps pour