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SOUVENIRS POLITIQUES

défendre leurs propriétés contre la rapacité des spéculateurs que les ministres laissaient faire. Riel qu’ils étaient allés chercher au Montana se mit à leur tête. Il fut fait prisonnier et le gouvernement lui fit un procès dans les conditions les plus injustes et les plus défavorables. Cette parodie judiciaire se termina par un verdict contre le chef des Métis et sa condamnation à mort. Malgré l’agitation qui se fit dans le pays, dans notre province surtout, le malheureux Riel fut exécuté le 16 novembre, après avoir été habilement défendu par MM. Lemieux, Fitzpatrick et Greenshields. De quel crime s’était-il rendu coupable ? D’une offense purement politique, à la suite, d’une série de provocations plus criantes les unes que les autres. Les fanatiques élévèrent la voix pour demander sa tête et elle fut entendue de préférence aux cris de miséricorde qui s’élèvèrent de toutes parts dans la province de Québec, et, j’oserais dire dans le monde entier. Est-ce que jamais le gouvernement américain a songé à pendre Jefferson Davis parce qu’il avait pris les armes contre le Nord ?

L’exécution de Riel créa une profonde indignation chez la grande majorité des Canadiens-français. De toutes parts ils accouraient aux assemblées de protestations qui furent tenues dans tous les coins de la province.