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SOUVENIRS POLITIQUES

tre d’empêcher ces abus criants ; et alors ces prélats se seraient trouvés dans un curieux dilemme, car on pouvait leur répondre : Si vous voulez et pouvez punir ces abus, à quoi bon soulever cette question brûlante pour obtenir aux curés une liberté que vous voulez leur ôter ? Si vous ne pouvez pas les empêcher, laissez donc la loi suivre son cours. »

« Les évêques, continuait Mgr. Taschereau, peuvent bien imposer des peines canoniques aux prêtres désobéissants, mais toutes les censures du monde seront impuissantes à réparer le mal causé à un candidat qui a perdu son élection par la faute des curés. Est-il prudent, est-il raisonnable d’exiger que ce candidat malheureux souffre une injustice parce que c’est un curé qui l’a commise ? Si ceux qui crient si fort étaient soumis à une épreuve semblable. Dieu sait ce qui en résulterait. »

On comprend facilement l’impression que de pareils sermons pouvait produire sur une population illettrée et profondément religieuse. Aussi l’effet, en fut-il désastreux pour le candidat libéral qui fut vaincu. Cependant, M. Tremblay était un enfant du comté, il y demeurait ; il y était bien connu ; c’était un citoyen honorable, respecté de tout le monde. Seule, l’influence du clergé avait amené sa défaite qui fit beaucoup de bruit. Il n’était pas d’un caractère que l’on pouvait facilement décourager.