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SOUVENIRS POLITIQUES

À une semblable objection soulevée contre le pont devant Québec, les partisans de ce dernier ne manqueraient certainement pas de répondre que la chose n’est pas possible ; que, dans tous les cas, quel que soit l’endroit où le pont sera construit, c’est Québec, port de mer, qui s’impose comme terminus et point de jonction des chemins de fer des deux rives. Et ils ajouteraient probablement que si les steamers transatlantiques, et à plus forte raison les petits vaisseaux, pouvaient atteindre les hauteurs de Lévis aussi facilement qu’ils abordent les quais de la Commission du Havre, ce serait alors bien différent, et que, dans ces conditions seulement, Lévis pourrait, avec quelque chance de succès, disputer à Québec l’honneur de devenir le grand centre commercial de la partie est de la Province. Or, ce qui, dans cet ordre d’idées, n’est pas possible à Lévis, ne l’est pas non plus au Cap-Rouge, et ces appréhensions de voir le commerce de Québec se transporter au Cap-Rouge dans le cas où le pont serait construit près de ce dernier endroit, ne me semblent pas fondées.

À l’appui de sa thèse, à savoir : que le pont à la Chaudière (Cap-Rouge) serait plutôt nuisible qu’utile à Québec, M. Bonnin dit ce qui suit dans son rapport :

« Les charbons de la Nouvelle-Écosse, pour ne citer qu’un exemple, se transportent aujourd’hui par l’Intercolonial pour la rive sud du fleuve, et par bateau seulement pour la rive nord. L’hiver ce trafic est arrêté sur cette rive, la navigation étant suspendue. L’érection d’un pont modifierait cet état de choses ; Québec pourrait devenir dans ces conditions un marché important alimentant toute la région, jusqu’à Trois-Rivières. Mais si ce pont est construit en amont, le marché se transportera nécessairement à la tête du pont, le trajet étant direct, et d’autre part les terrains meilleur marché pour rétablissements des chantiers ».

Je ne vois pas pourquoi, une fois qu’un pont