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Page:Langelier - Souvenirs politiques, vol 1, 1909.djvu/75

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SOUVENIRS POLITIQUES

ments. Ces braves gens qui avaient craint de ne pas avoir de candidat étaient heureux de savoir que M. Angers allait avoir un adversaire. Le bruit de ma candidature se répandit comme une trainée de poudre.

Voilà de quelle façon je fus investi d’une candidature dans un comté où j’étais inconnu, où je n’avais jamais mis les pieds auparavant. Je remportai la victoire avec quatorze voix de majorité. Ma campagne dura six semaines pendant lesquelles je me suis livré, à un travail ardu, incessant, à un labeur de toutes les heures. Tant il est vrai de dire que la fortune aide les audacieux, audaces fastuira juvat. Et c’est ma victoire qui en réalité détermina la majorité du ministère. La chaîne qui lie entre eux les événements de ce monde est quelquefois bien étrange ! Souvent, ce qui est non calculé réussit. Il faut toujours préférer le calcul à l’entrainement dans la conduite des affaires ; mais on ne peut s’empêcher de reconnaître qu’audessus des desseins de l’homme planent les desseins de la Providence, plus sûrs, plus profonds que les siens. C’est une raison de modestie, non d’abdication pour la sagesse humaine.

C’est donc le coup d’État de M. Letellier qui m’a jeté dans la politique et qui m’a ouvert pour la première fois les portes du parlement. J’étais jeune alors, trop jeune même ;