Page:Langelier - Souvenirs politiques, vol 1, 1909.djvu/79

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
83
SOUVENIRS POLITIQUES

son compte comme sur une foule d’autres choses. La vie est une source de surprises !

La campagne électorale fut partout menée avec une vigueur remarquable. Les conservateurs dénonçaient le coup d’État Letellier comme un attentat aux libertés populaires. Les ministres renvoyés soutenaient qu’ils étaient responsables directement au peuple représenté par ses députés et non pas au Lieutenant-Gouverneur. C’est en développant cette théorie que M. Chapleau s’était écrié à Lévis : « Fussions-nous des voleurs, des défalcataires, la vraie question est que le peuple seul est notre juge. » D’autre part, les libéraux condamnaient les taxes directes que le gouvernement DeBoucherville avait voulu imposer, de même que la fameuse loi des chemins de fer qui avait suscité une si grande indignation dans le public.

Le 28 mars, M. Joly avait adressé aux électeurs de la province un manifeste dans lequel il exposait sommairement sa politique. Il déclarait abandonner la loi qui avait pour but l’imposition de nouvelles taxes. Il disait aussi qu’il était prêt à faire face aux obligations de la province et aux entreprises à l’accomplissement desquelles la foi publique était engagée par un système d’économie et de retranchement. Son manifeste se terminait en disant :

« Nos adversaires ne voyaient qu’un moyen de