Page:Langelier - Souvenirs politiques, vol 1, 1909.djvu/78

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
82
SOUVENIRS POLITIQUES

tant bénéficié de ses luttes n’aient pas su reconnaître ses services lorsque l’occasion s’en est offerte. Lors de la formation du gouvernement Laurier, il fut éliminé pour faire place à ce même M. Tarte contre lequel il avait jadis si vaillamment combattu. Et, pourtant, il avait vaincu dans Québec-Centre M. Angers, le chef conservateur, ce qui aurait dû le désigner, à part ses autres titres, pour une place dans le cabinet Laurier. Il n’en fut rien. Tant il est vrai de dire que ce ne sont pas toujours ceux qui sèment qui récoltent la moisson. Comme dit l’Écriture, Alius est qui semmat, alius qui metet.

Mon compagnon d’armes, M. François Lemieux, qui se présentait contre M. Tarte, n’a pas, lui non plus, obtenu les faveurs du Canadien. Voici le petit plat épicé que lui servit cette feuille :

« M. Lemieux est un avocat ignorant mais bavard. Il est l’émule des dindons Langelier. »

Notre ami a été bien vengé plus tard de ces sottes injures, puisque, après avoir connu toutes les douceurs de la popularité, après avoir rempli les fonctions les plus importantes dans le Barreau, il a été élevé à la magistrature et qu’il est devenu l’un de nos juges les plus distingués. Et, chose singulière, parmi les ministres qui l’ont nommé se trouvait M. Tarte qui avait évidemment changé d’opinion sur