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SOUVENIRS POLITIQUES

M. Laurier, qui suivait avec intérêt la carrière de son vieil ami, de son ancien compagnon d’armes, voulut-il offrir à son talent et à son activité un champ plus vaste. Il le fit venir à Québec en 1880 pour lui confier la direction de ce bon vieux cheval de bataille qui s’appelait l’Électeur. Quelles luttes superbes ont été faites par cette feuille qui était devenue le Coran de tous les libéraux dans la province ! Cette feuille qui avait pour collaborateurs les Laurier, les Mercier, les Langelier, les Fréchette, les Chouinard et les Ulric Barthe fit aux ministres une guerre sans trêve, sans merci. On se battait avec plaisir, avec courage. Une élection se présentait-elle, la petite cohorte engageait la lutte contre les plus formidables influences. Hélas ! la victoire ne lui souriait pas souvent, mais la semence était jetée, l’opinion publique était éclairée ; et, c’est ainsi que l’on préparait les triomphes de l’avenir. Ce furent de beaux jours que ceux-là. Comme les anciens soldats de la République, nous allions sans ressources, le cœur plein d’espérance et de foi dans notre cause.

Pendant longtemps un journal libéral ne pouvait subsister à Québec sans avoir recours aux souscriptions des amis politiques. Ernest Pacaud, à force de travail et d’énergie, réussit, après avoir acheté l’Électeur en 1885, à en faire une feuille capable de se maintenir avec ses propres ressour-