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SOUVENIRS POLITIQUES

pas jouir longtemps de ce repos, qui, du reste, répugnait à sa dévorante activité. En effet, deux ans plus tard, le gouvernement Chapleau arrivait au pouvoir et son premier soin fut de destituer Ernest Pacaud. C’était, sans qu’il le soupçonnât, le meilleur service qu’il pouvait rendre à ce dernier lui-même comme au parti libéral auquel il rendait l’un de ses plus vaillants soldats. Il s’en est aperçu quand il était trop tard.

Ernest Pacaud n’a jamais connu ce que c’était que le découragement. Le lendemain de sa destitution il se remettait à l’exercice de sa profession à Trois-Rivières et prenait la direction de la Concorde, fondée en mai 1879 par un groupe de citoyens de Trois-Rivières. Il se mit — ô scandale des scandales ! — à prêcher les idées libérales dans ce district si conservateur. Cette population formée à l’école de feu Mgr Laflèche et si fortement attachée au parti conservateur fut étonnée d’une pareille hardiesse. Cependant, peu à peu, les préjugés commencèrent à se dissiper, les préventions tombèrent petit à petit, la lumière pénétra dans les rangs et l’on finit par s’apercevoir que le parti libéral n’était pas aussi démolisseur qu’on l’avait cru depuis longtemps. La semence fut féconde puisque la cause libérale est maintenant triomphante dans cette région. La Concorde, rédigée avec vigueur et talent, fit bientôt sa marque dans la presse. Aussi,