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SOUVENIRS POLITIQUES

Pendant les trois années qu’il avait occupé le pouvoir, M. Mercier avait accompli de grandes choses ; aussi, en 1890, était-il à l’apogée de sa popularité ; il tenait la province dans sa main. Les élections générales qui eurent lieu cette année-là se terminèrent par une éclatante approbation de l’électorat ; la majorité du gouvernement fut considérablement augmentée. La nouvelle députation comptait, dans les deux partis, des hommes de grands talents. On a prétendu que, depuis la Confédération, c’était la plus belle représentation sortie des urnes électorales.

Je désire rendre ici un hommage bien mérité à un homme qui a contribué pour une large part à ce succès et dont les efforts persistants ont fait beaucoup pour consolider le parti libéral. Je veux parler de feu Ernest Pacaud. Sa vie est une page de l’histoire politique de notre parti. C’est à l’époque où nous combattions les conservateurs alors tout puissants qu’il a courageusement pris la plume et qu’il a fait ses premières armes. Ceux-là seuls qui ont été à la peine dans ces sombres jours savent les ignominies qu’il a fallu dévorer, les ingratitudes que nous avons rencontrées, les honteuses palinodies dont nous avons été les témoins attristés. Bon nombre des nôtres nous ont abandonnés le long de la route, découragés, désespérés, croyant notre cause irrémédiablement perdue. À un certain moment, c’était presque un crime que d’être libéral chez nous. Mais heureusement, il se