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SOUVENIRS POLITIQUES

rencontra des courages assez fortement trempés pour résister aux séductions du pouvoir, pour faire face à l’orage et pour préparer les grandes revendications de l’avenir. Ernest Pacaud fut l’un de ceux-là.

Il vivait à Arthabaska où il exerçait la profession d’avocat à côté de Sir Wilfrid Laurier. Il habitait les Cantons de l’Est encore sous le coup de la merveilleuse éloquence du grand tribun Eric Dorion. Celui-ci était mort et le Défricheur qu’il avait fondé était disparu. L’œuvre qu’il avait accomplie dans ce milieu menaçait de s’éteindre. Mon ami Ernest Pacaud qui a toujours cru à l’influence de la presse sur les masses résolut de prendre en sous ordre le travail de « l’Enfant Terrible. » Il fonda, dans ce but, le Journal d’Arthabaska en 1872. M. Laurier en était le rédacteur en chef. Cette feuille modeste, rédigée avec un talent supérieur, accomplit d’excellente besogne. MM. Laurier et Pacaud, après avoir croisé le fer devant les tribunaux, coalisaient leurs efforts dans le Journal pour défendre les idées du parti libéral. Leur travail produisit dans cette région des résultats féconds qui se font sentir encore aujourd’hui, mais Pacaud perdit à cette tâche une clientèle très lucrative.

En 1878, le gouvernement Joly voulant le récompenser de son dévouement le nomma protonotaire, greffier de la Cour de Circuit et de la Couronne à Trois-Rivières. Il ne devait