Page:Langevin - La Pensée et l'action, 1950.djvu/129

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déterminisme absolu du type mécaniste et celle de l'existence d'une conscience assez vaste pour le suivre dans tous ses détails, c'est que, tout récemment, Max Planck lui-même, à propos des difficultés soulevées par la théorie des quanta qu'il a créée, renouvelant de manière assez paradoxale la fameuse preuve ontologique[1], déduit de sa foi dans un déterminisme absolu la nécessité de l'existence de la conscience universelle postulée dans la définition même de ce déterminisme. J'ajoute encore que sur le plan de l'action, cette conception du déterminisme absolu conduit au fatalisme, à l'inutilité de tout effort humain devant l'implacable déroulement des faits contenus jusqu'au moindre détail dans l'impulsion initialement reçue par l'Univers. Notre Science, issue des besoins de l'action et qui s'est avérée, si puissante pour féconder l'action ne peut pas, sans s'exposer à de graves contradictions internes, placer à sa base une doctrine qui aboutit à nier la possibilité même de l'action. Une confrontation de plus en plus large avec l'expérience ne devait pas tarder à modifier l'ambitieux idéal proposé par le mécanisme à la Science en le ramenant à des proportions plus humaines, à travers les conflits d'idées qui dominent toute l'histoire de la physique depuis plus d'un siècle.

  1. L'argument ontologique prétend déduire la réalité actuelle de l'existence de Dieu de l'idée même que nous avons de Dieu. Il a été particulièrement combattu par Immanuel Kant.