Page:Langevin - La Pensée et l'action, 1950.djvu/130

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Dans l'ancienne physique rien ne s'opposait, en principe, à ce que l'absence de répercussion de l'observation sur le système observé puisse être maintenue même lorsqu'il s'agit de systèmes de plus en plus petits, de plus en plus simples, de corpuscules isolés, en particulier; aucun minimum d'action ne limitait l'intervention nécessaire à la mesure. Il en est autrement dans la physique nouvelle, du fait de l'existence du quantum h au-dessous duquel aucune action ne peut descendre... Les sciences de la vie, histoire naturelle des êtres vivants, anatomie, physiologie, psychologie, présentent à ce point de vue des difficultés particulières puisqu'il est quasiment impossible d'observer et à plus forte raison d'expérimenter dans ces domaines sans que l'objet, et son comportement, soient plus ou moins troublés par l'intervention du sujet. J'insiste encore sur le fait que les nouvelles conceptions rendent également la science plus humaine et plus proche de la vie grâce à leurs conséquences d'ordre moral. Loin de conduire au fatalisme devant la marche inéluctable de l'Univers-projectile au sens de Laplace, le nouveau déterminisme est une doctrine d'action, bien conforme au rôle que doit jouer la science, ses origines, à ses buts. Tout d'abord l'action devient possible puisque, grâce au halo ondulatoire, le présent ne détermine, ne contient l'a venir qu'avec une précision décroissante à mesure que celui-ci devient plus lointain ;