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1920


Jusqu'à la première guerre mondiale, ce fut au sein de la Ligue que se manifesta essentiellement l'activité de citoyen de Paul Langevin. Les nouvelles conquêtes de la physique étaient si passionnantes et les illusions de paix éternelle et de progrès indéfini si fortes encore, du reste, que les savants d'alors ne renonçaient que rarement aux joies de la recherche. Mais la guerre de 1914, en brisant brutalement les rêves de fraternité universelle, devait également poser avec une acuité beaucoup plus grande le problème social, Le vieux monde capitaliste n'arrivait pas à se remettre sur ses pieds et l'apparition du premier État socialiste, de l'Union Soviétique, donnait plus de force aux espoirs des masses ouvrières et des esprits progressistes du monde entier. En France notamment, les mouvements de grève se multipliaient et prenaient une ampleur inconnue jusqu'à ce jour. En 1920, pour combattre la grève des transports, l'Union Civique cherchait à transformer en briseurs de grève les élèves des établissements d'enseignement et plus particulièrement ceux des écoles techniques. La majorité des élèves de l'École de Physique et Chimie s'étant laissés prendre par la propagande de l'Union Civique, le directeur, le chimiste Albin Haller, envisagea la suspension des cours. D'autres élèves adressèrent alors une lettre de protestation à Paul Langevin, à cette époque directeur des études à l'École, pour lui demander de faire respecter leur droit aux études intellectuelles hors de toute contrainte politique.