Page:Langevin - La Pensée et l'action, 1950.djvu/304

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Nous nous sommes trouvés, dès lors, en face d'une situation parfaitement claire et qui, s'il était possible, se préciserait davantage encore chaque jour : les dirigeants du régime économique injuste et périmé, sous lequel vit encore la plus grande partie du monde soit-disant civilisé, exploitant avec une diabolique astuce à la fois l'égoïsme des privilégiés, les injustices com-mises au lendemain de la guerre et le désarroi de ses propres victimes, particulièrement des jeunes gens laissés sans perspective d'avenir et sans emploi, par le développement même de la technique, mettant à profit leur goût de l'aventure et de l'action, plutôt que de la réflexion! ont fait de ces derniers ses défenseurs et ses gardes d'assaut dans une-suprême tentative pour maintenir sa domination. Cette domination, contraire à toute justice et toute raison devant les possibilités sans bornes de la machine, ne peut plus s'appuyer que sur la violence et sur l'abêtissement généralisés. D'où le spectacle auquel nous assistons : déchaînement sans frein des moyens de destruction; destruction des êtres humains pour terroriser, destruction des produits du travail pour maintenir le profit des privilégiés, étouffement de la pensée libre et de la science elle-même, propagande effrénée par la parole et par le fait en faveur des mystiques inhumaines où la prévalence et la volonté de domination d'une race ne sont, au fond, que des moyens pour justifier et assurer la prévalence et la domination d'une caste, choisie de préférence au sein de cette