Page:Langevin - La Pensée et l'action, 1950.djvu/334

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1940 et la continua même au cours de sa vie clandestine. Ce sont les problèmes du rayonne-ment stellaire qui l'occupent alors et je me rappelle lui avoir envoyé de Troyes, peu de temps avant son arrestation, un volume du récent Congrès d'Astrophysique sur les supernovae. Le devoir qu'il avait reconnu au savant, et qu'il a su remplir jusqu'au sacrifice, de s'intéresser aux problèmes humains, politiques et sociaux, l'avait conduit, suivant d'abord son goût pour la pensée abstraite, vers la philosophie. Avec son exceptionnelle facilité de travail, il avait lu et assimilé les oeuvres des grands tuteurs, depuis Descartes jusqu'à Hegel, Marx, Engels et Lénine. J'ai souvenir d'avoir, au cours de longues soirées, bénéficié de l'effort qu'il avait ainsi fourni et avoir mieux compris, grâce au matérialisme dialectique dont il était maître, l'évolution de la science que nous aimions tous deux. Je le revois aussi, à la veille de Munich, pendant les vacances de 1938, dans le châlet où, au pied du glacier des Bossons, entre deux courses de montagne, il travaillait à la traduction d'un livre d'Engels avec Georges Politzer qui fut, dans la pensée et dans l'action, son compagnon jusqu'à la mort[1]".

"Sur le plan de la pensée, ce travail commun les conduisit à s'occuper d'économie politique et d'

  1. II s'agit de la Dialectique de la nature. La traduction ne fut pas achevée.