Page:Langevin - La Pensée et l'action, 1950.djvu/333

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la médecine, et qui était externe des hôpitaux au moment de son mariage, vint habiter chez moi et commença la préparation de l'internat. Son goût pour la réflexion abstraite et la séduction des idées nouvelles lui firent abandonner bientôt pour la physique théorique la carrière médicale qu'il savait plus facile pour lui qui lui semblait moins belle. Mais moins de deux ans après, Jacques était docteur ès science avec une thèse remarquable dans laquelle il résolvait un des problèmes les plus difficiles de la théorie quantique des champs. Puis ce fut, en sept ou huit ans, une succession continue de travaux, plus de quarante notes ou mémoires, couronnés en 1939 par la publication dans un important volume, du cours Peccot dont il avait été chargé l'année précédente au Collège de France. Pendant cette période, il participa de la manière la plus active à la vie scientifique si intense, soit ici, soit à l'étranger, passant successivement, pour étudier ou pour enseigner, à Copenhague, à Zurich, à Berlin, à Londres, à Cambridge, à Kharkow, à Moscou, entraînant Hélène avec lui et nouant des relations de travail ou d'amitié avec les représentants les plus éminents de la physique théorique en Europe, Niels Bohr, Wolfgang Pauli, Léon Rosenfeld, Moeller, Félix Bloch, Klein, Fowler, Mott, Peierls, Plessett, Guido Beck, et bien d'autres dont je revois les visages près du sien. La guerre interrompit cette activité féconde, mais Jacques la reprit dès sa démobilisation en