Page:Langevin - La Pensée et l'action, 1950.djvu/338

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De cette extraordinaire activité des dernières années de Paul Langevin, les textes publiés dans les autres parties de ce recueil, sur l'ère des transmutations ou sur les rapports entre culture et société, ont déjà donné une faible idée. Ceux que nous avons groupés dans cette dernière partie et qui se rapportent davantage aux problèmes politiques et sociaux, peuvent par leur hauteur de vues, être considérés comme de suprêmes messages. On y retrouve les thèmes généraux chers à l'illustre physicien, mais exprimés souvent avec une gravité boute particulière. Les douloureuses épreuves de la guerre, l'adhésion consciente et réfléchie au parti communiste français, l'approche de la mort aussi, peut-être, semblent avoir donné à la pensée de Paul Langevin une force nouvelle et une orientation plus marquée vers les actes réalisateurs. Paul Langevin, en effet, a définitivement résolu en ce qui le concerne, le grand problème qui tourmente tant d'intellectuels honnêtes, celui de l'union de la pensée et de l'action. Il y a là pour lui une expérience suprême dont il veut faire profiter ceux qui le prennent pour guide spirituel, et ce n'est certes pas par hasard que la dernière conférence qu'il fit en public, alors que son état de santé était déjà très mauvais, ait été intitulée "la Pensée et l'Action", titre qui nous a paru également le seul qui puisse convenir pour ce recueil. Ce souci d'aboutir à l'action doit être rattaché au désir — déjà si net dans "La Valeur humaine de la Science", de fonder sur des bases strictement scientifiques une éthique nouvelle qui lierait le comportement individuel aux besoins et aux aspirations véritables de l'espèce, tels que les grands penseurs progressistes l'ont peu à peu dégagés des enseignements de l'histoire. La grandeur du communisme apparaît ici en ce qu'il libère l'humanité et la met sur le chemin du bonheur grâce à la science et à l'asservissement qu'elle permet des forces naturelles. Ces idées qui rejoignent et illustrent certaines des thèses essentielles de Marx sur la libération de l'homme, étaient très chères à Paul Langevin et il songeait au moment de sa mort à les développer dans un livre qui, en un certain sens, aurait été une sorte de testament spirituel.


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