Page:Langevin - La Pensée et l'action, 1950.djvu/36

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tion, c’est de la publicité. » Et quand, au Congrès annuel de la Fédération internationale des unions intellectuelles, à Barcelone, en 1930, le professeur viennois Karl Bühler expose la thèse américaine d’après laquelle « l’avenir de l’humanité est dans la technique », l’humaniste Paul Langevin écrit en marge, sur son exemplaire personnel du rapport : « Non pas dans, mais par la technique. » Le robot suscite son impitoyable censure. Par une coïncidence remarquable, c’est le même jour, ou le lendemain, qu’heureux de l’intervention d’un ami, il note sur un autre feuillet : « G. représentant des masses. — Moi aussi. » Mais précisément, ces masses dont il est et se veut le représentant, ce sont des masses qui échappent par le combat à la mécanisation capitaliste à l’américaine ; ce sont des masses qui s’affranchissent de l’ignorance, de l’inculture et de la misère spirituelle par la lutte même qui les affranchit de l’oppression, de l’exploitation et de la misère matérielle. Sur la même page, Paul Langevin résume comme suit sa propre intervention au congrès :


J’ai apporté la note optimiste […] J’ai pour ma part essayé de sortir de l’attitude contemplative[1].


Il faut « sortir de l’attitude contemplative » ! C’est pourquoi, dés le début, Paul Langevin défendit de toutes ses forces la nouvelle civilisation soviétique, distinguée de toutes les autres, disait-il, par sa confiance dans l’effort scientifique de l’homme. Il suivait avec enthousiasme les premiers progrès de la science en U. R. S. S., au lendemain même de la Révolution d’octobre, en même temps qu’il jouait un rôle éminent dans la campagne pour la reprise des relations diplomatiques entre la France et la République socialiste. « L’Europe n’est pas elle-même quand la Russie en est absente », avait-il coutume de dire dans ses discours et ses articles de cette période. On trouve dans ses dossiers une étude

  1. Souligné par moi. G. C.