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sur l’électro-magnétisme. On sait comment Langevin, quelques mois après avoir témoigné en faveur des accusés à l’inique procès des députés communistes, fut jeté à la prison de la Santé dès 1940, quel hommage lui rendit le colonel nazi qui l’interrogeait en le déclarant aussi dangereux pour le fascisme que les Encyclopédistes l’avaient été pour l’ancien régime, quelle fut enfin la fermeté de ce malade abandonné qui charbonnait des calculs sur les murs du cachot avec des morceaux d’allumettes brûlées. Le long exil imposé à Troyes ; la mort héroïque de son gendre Jacques Solomon et l’irréparable ensevelissement des grandes découvertes que ce jeune homme d’un rare génie portait en lui ; la déportation de sa fille Hélène Solomon-Langevin dans les camps de la mort en Allemagne ; la menace suprême à laquelle le plus glorieux des savants français, — devenu un militant obscur de l’illégalité : Paul Pinel, ingénieur, — n’échappe, épuisé par une longue lutte, qu’en passant la frontière du Jura porté à bras d’homme par deux francs-tireurs : telles sont les étapes de la vie héroïque de Paul Langevin pendant la guerre.

Vint la libération. Le 24 septembre 1944, dans son allocution à Radio-Lyon, Paul Langevin appelait aux tâches nationales : achever la guerre, — « faire justice de l’ennemi du dedans en poursuivant sans faiblesse ceux qui, par leurs actes, se sont placés hors de la nation », « transformer profondément le régime économique et les conditions du travail », — enfin accomplir la réorganisation démocratique de l’enseignement. Après quoi, Paul Langevin vint au Parti Communiste, « pour y prendre la place de Jacques Solomon, mort pour son idéal et pour la France ».

L’un et l’autre, maintenant, vivent dans notre souvenir. Vivent, et non pas reposent. Ces disparus combattent toujours avec nous. Puisse leur esprit animer des générations toujours plus compactes d’intellectuels communistes, fidèles et laborieux, simples et dévoués comme ils furent eux-mêmes, tournés comme eux, ardemment, vers la conquête des relations sociales supérieures et du niveau supérieur de la connaissance.