Page:Langevin - La Pensée et l'action, 1950.djvu/63

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entre eux en Amérique sur ce sujet passionnant le mathématicien de 50 ans et le physicien de 30. Dans un article qu'il écrivit sur Henri Poincaré, après la mort de celui-ci, Langevin a fait à ces discussions une courte allusion où il parle, en particulier, de « inquiétude » de Poincaré voyant « ébranler, grâce aux instruments forgés par lui-même, le vieil édifice de la dynamique newtonienne » [1].

À cette inquiétude d'Henri Poincaré, conséquence logique de la faiblesse de sa position. philosophique, Paul Langevin oppose un véritable cri de confiance dans la science nouvelle, dans la remarquable communication qu'il fit au Congrès sur La physique des électrons.

Cette communication, le premier exposé d'ensemble qu'ai fait publiquement le jeune physicien, a une importance considérable au point de vue de la philosophie des sciences. Lénine le cite dans Matérialisme et Empiriocriticisme parmi les textes qui, en pleine crise de la physique, continuaient à défendre la position matérialiste, à affirmer l'existence de la matière en dehors de notre conscience[2].

Mais cet exposé est également essentiel en ce qui concerne la genèse des théories relativistes. Il montre, en effet, qu'au moment même où Einstein, alors inconnu, préparait sa première publication sur la relativité restreinte, qui devait révolutionner la physique, Langevin était arrivé de son côté à un certain nombre de résultats fondamentaux dans cette direction.

La difficulté du sujet nous empêche malheureusement de reproduire intégralement le texte de La physique des électrons. Nous nous contenterons d'en citer la conclusion, véritablement prophétique[3].


La perspective rapide que je viens d'esquisser est pleine de promesses, et je crois que rarement, dans l'histoire de la Physique, on eut occasion de pouvoir regarder si loin derrière soi

  1. Revue de métaphysique et de morale, sept. 1913, p. 702.
  2. Matérialisme et empiriocriticisme, p. 224, note 1.
  3. La Physique des électrons, rapport présenté au Congrès de Saint-Louis, le 22 septembre 1904, publié dans La physique depuis vingt ans, par P. Langevin, Paris, 1923, Doin éditeur, pp. 67, 68, 69.