Page:Langevin - La Pensée et l'action, 1950.djvu/71

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l'univers : l'expression mathématique d'un matérialisme dialectique.

Mais Langevin se consacrait aussi au développement des théories relativistes. La relativité restreinte qui devait elle-même tant à la « physique des électrons » lui permettait à son tour de reprendre, de clarifier et d'approfondir celle-ci.

Dès 1906, dans son cours au Collège de France, il établit, indépendamment d'Einstein et en même temps que lui, l'une des relations fondamentales de la relativité : l'équivalence de la masse et de l'énergie, relation qui est à la base de tous les travaux récents sur l'énergie intra-atomique. Dans une conférence faite à la Société de Physique, il devait, quelques années plus tard, mettre en évidence d'une façon prophétique les conséquences incalculables de cette découverte[1] :


LA MATIERE, RESERVOIR D'ENERGIE


À toute inertie correspondrait la présence dans le système qui la possède d'une énergie égale au produit de la masse par le carré de la vitesse de la lumière, énergie dont la mise en liberté devrait correspondre à la destruction complète de la structure matérielle.

Sans préjuger si nous pourrons un jour acquérir cette puissance destructrice et épuiser les réserves d'énergie présentes dans la matière, nous pouvons, dans l'hypothèse qui précède, évaluer l'importance et l'énormité de ces réserves.

Chaque gramme de matière, quelle que soit sa nature, correspondrait à la présence

  1. L’Inertie de l’énergie et ses conséquences, conférence faite à la Société française de Physique, le 26 mars 1911, publiée dans La physique depuis vingt ans, pp. 400, 401 et 402.