Page:Langevin - La Pensée et l'action, 1950.djvu/92

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avons voulu introduire dans la dynamique intra-atomique la notion assez superficielle d' « individu » et nous nous apercevons aujourd'hui qu'il n'est pas légitime de parler des mouvements de corpuscules individuels à une échelle aussi fine. Il semble bien que la solidarité qui existe entre tous les éléments de l'Univers doive se répercuter dans la structure même de la science. Le processus de pensée que met en évidence le développement de la relativité est essentiellement un processus évolutif, qui consiste à créer des notions nouvelles, en n'attachant pas une valeur absolue aux notions issues d'un contact initial et superficiel avec la nature. En relativité restreinte, les constatations faites par des observateurs en mouvement pouvaient sembler contradictoires. Par exemple, des règles identiques semblaient différentes à différents groupes d'observateurs en mouvement relatif. Par une surie de dialectique hégélienne, la relativité restreinte a levé ces contradictions en construisant une synthèse clans laquelle chacun des faits, en apparence opposés, ne représente qu'un des aspects de l'ensemble. Il est intéressant de remarquer que cette méthode de travail n'est pas nouvelle. La notion même « d'objet » est en réalité très complexe, elle représente la synthèse d'un ensemble de sensations tactiles et visuelles en apparence contradictoires. Et, quand nous « pensons un objet », nous réalisons une synthèse de toutes nos sensations possibles par rapport à cet objet.