Page:Langevin - La notion de corpuscules et d'atomes, 1934.djvu/9

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Or, nous avons toutes raisons — et des raisons expérimentales — de considérer que cette charge d’un ion monovalent dans l’électrolyse est précisément égale à la charge élémentaire dont il vient d’être question ; et comme la quantité d’électricité transportée par un ion-gramme monovalent est le Faraday qui est également connu, et lui, au cent-millième, alors que la charge élémentaire est connue au millième, il en résulte que le nombre d’Avogadro N sera connu au millième ; en divisant le Faraday par la charge élémentaire, on trouve ainsi pour N : 6, 06 X 1023. De la valeur de N, on déduit les masses des atomes et des molécules individuels, et de manière générale toutes les grandeurs atomiques ou moléculaires, dimensions, etc.

Cette conquête a été suivie d’une identification plus complète du grain d’électricité par la découverte du corpuscule cathodique ou électron négatif, en étudiant les propriétés des charges négatives qui sont émises soit, dans l’ampoule de Crookes, par la cathode sous l’influence du bombardement des rayons positifs, soit, par effet dit photo-électrique, sous l’action de la lumière qui arrache de la matière des charges négatives.

Dans les phénomènes thermioniques, c’est un filament métallique incandescent qui émet des charges négatives.

L’étude de ces diverses émissions a permis d’atteindre, avec J. J. Thomson, le rapport de la charge à la masse des corpuscules, et leur vitesse ; rapport de la charge à la masse qui, dans l’ancienne Mécanique, devait être indépendant de la vitesse et qui, dans la Mécanique de la relativité, est en réalité fonction décroissante de la vitesse, suivant une loi que l’expérience a vérifiée.

L’expérience donne une même valeur de ce rapport, aux faibles vitesses, pour toutes les émissions de charges négatives, cathodiques, photoélectriques, thermioniques, etc. Comme elle montre d’ailleurs ces émissions composées de grains portant chacun la charge élémentaire, la connaissance du rapport de la charge à la masse permet de calculer la masse, toujours la même, de chacun de ces grains ou électrons négatifs.

Aux faibles vitesses, cette masse prend une valeur mo égale à 0, 9 X 10-27 gramme, alors que la masse de l’atome d’hydrogène, déduite de la connaissance de N, est de 1,6 x 10-24 gramme, et par conséquent, 1.800 fois plus grande, à peu près, que celle de l’électron négatif.