Page:Langevin - La notion de corpuscules et d'atomes, 1934.djvu/8

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

l’étude de la conductibilité acquise par les gaz, sous l’action, par exemple, des rayons de Rœntgen, conductibilité que nous interprétons de manière analogue à celle des métaux ou des électrolytes. On admet que le passage des rayons de Rœntgen à travers le gaz dissocie certaines molécules et fait apparaître des grains électrisés, ou ions. Si, dans ce gaz conducteur, on provoque d’une manière quelconque l’apparition de gouttelettes, certaines de celles-ci se montrent électrisées et servent de corps d’épreuve qui vont jouer le même rôle que le pendule électrique dans la mesure macroscopique. On peut mesurer la charge portée par chacune de ces gouttes comme on mesure la charge d’un corps électrisé quelconque.

Les gouttes électrisées pourront être produites par condensation de vapeur d’eau rendue sursaturante par détente dans une expérience analogue à celle de Wilson, ou bien, pour éviter l’inconvénient qui résulte de la volatilité de l’eau et de la variation de masse de la goutte que l’on ne peut alors suivre dans des conditions constantes, en faisant, avec Millikan, tomber dans le gaz des gouttelettes d’huile pulvérisée. Soit parce que la goutte d’eau s’est condensée sur un des ions dont nous imaginons la présence dans le gaz, soit parce que la goutte d’huile a attiré un de ces ions et s’en est chargée, on constate que ces gouttes sont électrisées, toutes du même signe dans le cas de détente pas trop forte de l’air saturé de vapeur d’eau, ou de signes différents. On constate que les gouttes ont, en général, toutes une même charge en valeur absolue. Elles ont quelquefois le double ou le triple de cette charge que nous appelons « la charge élémentaire ». Grâce aux mesures précises de Millikan, cette charge est connue sensiblement au millième près : sa valeur est : 4, 774 X 10-10 unité électrostatique. Toutes les charges électriques, soit des ions dans les gaz, soit des ions électrolytiques, sont des multiples entiers, généralement très simples, positifs ou négatifs, de cette quantité. Les charges des corps électrisés macroscopiques en sont des multiples énormes.

De la connaissance de la charge élémentaire, vous savez que les lois de l’électrolyse ont permis de déduire « N », puisque si nous prenons un ion-gramme monovalent qui est composé de « N » ions, il transporte une charge égale à « N » fois la charge d’un ion monovalent.