Page:Langevin - La physique depuis vingt ans, 1923.djvu/442

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et des dogmes, faute d’avoir bien compris ce mécanisme de la vie scientifique, ce continuel travail de construction intérieure à l’esprit, à partir d’hypothèses de plus en plus précises dont la physique mathématique nous aide à suivre le développement et dont l’expérimentateur doit confronter le résultat avec les faits qui nous sont extérieurs, posant à la nature des questions continuelles, la couvrant d’un réseau ramifié de plus en plus ténu, dont les dernières pousses sont étroitement liées aux branches principales. A part quelques troncs essentiels, les principes généraux sur lesquels je reviendrai tout à l’heure, le reste est encore en continuel changement, mais nous avons confiance que de proche en proche les rameaux se fixeront pour prendre, moins vivants et moins fleuris peut-être, la force et la solidité des axiomes mathématiques, leurs aînés. Notre science est réellement dans l’enfance, quoique vigoureuse déjà, et on la déguise en vieillard ; ses balbutiements inspirent la répulsion de la sénilité au lieu de la joie que la jeunesse répand autour d’elle dans ses efforts ardents. Dans tous les cas le but principal de l’enseignement doit être de donner la notion de l’effort vivant et continu que fait la science pour s’adapter aux réalités extérieures, pour constituer, à partir de principes ou d’hypothèses que l’esprit décrète en se laissant guider par l’induction expérimentale, l’édifice harmonieux de notre représentation : on fournit en même temps au futur technicien, au lieu du bagage encombrant des formules et des faits sans