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LE PRINCIPE DE RELATIVITÉ

conséquence considérée directement comme un fait expérimental.

Il est facile de voir également que, si on veut conserver la notion du temps absolu et le groupe de Galilée (1) qui en dérive, les équations de l’électromagnétisme prennent au contraire des formes différentes pour les observateurs O et O′ : ces équations ne conservent pas leur forme pour les substitutions du groupe de Galilée. La cinématique ordinaire ne peut interpréter le caractère relatif des lois de l’électromagnétisme et de l’optique. Elle oblige les observateurs terrestres, s’ils veulent tenir compte du changement continuel de leur vitesse relative, à modifier constamment et à prendre sous une forme compliquée les lois de l’électromagnétisme, et ceci en opposition avec les faits que traduisent exactement ces équations sous leur forme simple habituelle grâce à l’introduction du temps relatif.

Ceci revient encore à dire que le temps, introduit de manière inconsciente par les fondateurs de l’électromagnétisme et avec eux par tous les électriciens lorsqu’ils utilisent à tout moment les lois fondamentales de Maxwell-Hertz sous leur forme ordinaire, n’est autre que le temps relatif dont la mesure varie suivant les observateurs conformément aux relations (3).

La cinématique conforme à ces relations est la cinématique des électriciens, comme celle définie par (1) est celle des mécaniciens ; la différence résulte du fait que les équations de l’électromagnétisme conservent leur forme pour les transformations du groupe de Lorentz, tandis que celles de la mécanique conservent la leur pour les transformations du groupe de Galilée.

Là se trouve la raison profonde de l’impossibilité dans laquelle se sont trouvés les physiciens, malgré les efforts puissants et prolongés des plus illustres d’entre eux, de donner une interprétation mécanique des