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ANECDOTES FÉMININES


Le printemps !… La Vie !…

Le hasard rapproche au même coin de rue une jolie femme — elle est parente d’un de nos ministres — un commandant blessé et une vieille marchande de fleurs qui pousse sa charrette. Il fait beau. C’est l’exquis dimanche, le ciel épuré au bleu de porcelaine chinoise. Il fait bon vivre. Voilà le printemps. L’officier sent-il tout cela soudain ? Il voit la passante, la fleuriste, achète en hâte un gros bouquet de Parme et :

— Mademoiselle, je ne vous connais pas. Excusez-moi. Mais j’ai été blessé. J’ai cru que j’y resterais. C’est ma première sortie. Voyez cette joie dans l’air, ce soleil béni, cette santé que l’on respire… Vous ! Des fleurs ! Cela s’associe en moi, irrésistiblement. Voulez-vous accepter ce bouquet ?

La jeune femme regarde l’officier. Il est pâle, elle voit son bras en écharpe. Elle voit la loyauté de ce beau regard sous la paupière d’un brave homme, d’un homme brave qui renaît. Et elle dit, séparant les violettes en deux poignées :

— Partageons-les, mon commandant, je vous comprends…

Puis, elle disparaît dans le Métro.


La bonne surprise[1].

J’ai vu quelque chose de plus beau. Une carriole revenant du front, conduite par un soldat, s’est arrêtée dans

  1. Raconté par M. Latapie dans la Liberté.