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anecdotes pathétiques et plaisantes

s’est défait et, d’une seule main, il est difficile de le renouer. Pourtant, il va essayer ; sur un banc de la promenade, il pose son pied…

Alors, une belle jeune fille, qui passait, s’élance. Elle s’incline, saisit le cordon et le noue, bien serré, sur le rude cuir du brodequin.

— Mademoiselle…, s’excuse, tout confus, le soldat.

— Mais si, mais si, mon brave ami ; c’est comme cela en temps de guerre. Tout est changé. Vous renouiez nos rubans, nous pouvons bien en faire autant pour vos lacets de godillots.


Ma Mère… la vôtre.

Voici un émouvant fragment d’une lettre adressée par un soldat du front à une fillette de Mesnil-Saint-Père (Aube), qui avait envoyé un colis anonyme contenant, entre autres choses, un passe-montagne qu’elle avait tricoté :

…Vous me souhaitez, petite amie, un prompt retour dans mes foyers. Hélas ! je n’en ai plus : les Allemands m’ont tout pris, mon père, ma mère, mes cinq frères. Alors, tout seul, je me suis engagé, car je viens d’avoir dix-huit ans, et, comme mes aînés, je fais le coup de feu.

Cette nuit et pendant plusieurs autres, peut-être, chère petite amie, je veillerai, et les sauvages qui m’ont pris ma mère n’iront pas prendre la vôtre. Encore merci.


La dentelle d’Irlande.

Après avoir passé trois mois dans les tranchées, ayant de l’eau jusqu’aux genoux, le brave et vaillant sergent L… eut un pied gelé et fut transporté à l’hôpital auxiliaire de B…, petite ville située dans un pays délicieux, entre les montagnes et la mer.