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anecdotes pathétiques et plaisantes

L’héroïsme d’un capitaine et d’un soldat italiens.

Une compagnie de chasseurs alpins italiens avait été chargée d’avancer dans un endroit particulièrement dangereux.

Au cours de la nuit, la présence de l’ennemi fut découverte à 2 ou 3 kilomètres de distance. La compagnie fit alors halte, tandis que le capitaine, accompagné d’un seul soldat, continuait la mission.

C’était un acte audacieux. Les deux hommes se tenaient par la main, lorsque soudain un bruit formidable s’éleva. Leurs pieds venaient de toucher une petite mine qui avait aussitôt fait explosion, et les deux hommes, projetés en l’air, étaient retombés à une grande distance l’un de l’autre. Ce fut pendant quelques minutes un silence complet, interrompu par cette plainte du soldat :

« Je ne vois plus rien, je suis aveugle. »

Le malheureux avait, en effet, été atteint aux yeux.

Le capitaine l’entendit, mais, grièvement blessé et à moitié enseveli, il n’eut pas la force de répondre. Enfin, au bout de quelques instants, il parvint à lui crier :

« Parle, parle fort, que je sache où tu es, j’irai près de toi. »

Le soldat obéit, mais il entendit alors ces mots :

« Je ne puis bouger ; attendons le jour. »

Le soldat, à tâtons, se dirigea vers son chef, guidé par la voix de celui-ci. Un effort encore. Il l’atteint. Il l’aide alors à sortir de sa position périlleuse.

Alors fraternellement, tous deux regagnent le poste le plus proche où on leur prodigue les soins nécessaires.

Ajoutons que le vaillant soldat ne perdra pas la vue : les médecins lui garantissent qu’il sera tout à fait guéri dans quinze jours.