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VINGT-TROISIÈME LECTURE.

NAISSANCE DE BRAHMADATTA.

Mârcandéya continua :

Je disais donc que, tandis que ces sept oiseaux, sur les ondes du Mânasa, ne se nourrissant que d’air[1] et d’eau, laissaient dessécher leurs corps, le roi Vibhrâdja se rendit dans ces bois, entouré de toute sa cour, et brillant comme Indra au milieu de son jardin céleste du Nandana[2]. Il y vit ces oiseaux occupés de leurs pieuses pratiques : humilié de la comparaison qu’il fit d’eux et de lui-même, il revint tout pensif dans sa ville. Il eut un fils extrêmement religieux, qui fut nommé Anouha, parce qu’oubliant ce corps composé d’atomes (anou) matériels, il s’élevait jusqu’à la contemplation de l’âme[3]. Souca lui donna pour épouse sa fille, l’illustre Critwî, non moins estimable par ses bonnes qualités que par sa dévotion. C’est elle dont m’avait parlé Sanatcoumâra, quand il daigna m’apparaître, et qu’il me désigna, ô Bhîchma, comme née de l’esprit des Pitris, comme vertueuse entre toutes les personnes vertueuses, échappant par l’excellence de sa nature à l’intelligence même des plus habiles, enfin comme étant Yogâ, l’épouse d’Yoga, et la mère d’Yoga[4]. C’est là ce que je t’ai déjà dit en te racontant l’origine des Pitris.

  1. Expression consacrée pour représenter l’excès de l’abstinence d’un pénitent. Cet acte d’austérité s’appelle प्राय​ prâya, et va quelquefois jusqu’à donner la mort.
  2. C’est ainsi que l’on nomme les jardins, l’Élysée du dieu Indra.
  3. Le poëte veut donner l’étymologie du mot anouha. अणु anou signifie mince, petit, atome. J’ai cherché quelque temps le sens de ce passage. Les trois manuscrits me présentaient trois leçons diverses : ce qui me prouvait que le vers renfermait une véritable difficulté. J’ai adopté la leçon du manuscrit de M. Tod, et je me suis efforcé de m’en rendre compte. L’exercice que faisait Anouha porte le nom d’anoudharma. Le manuscrit bengali m’aurait mené à un sens différent : il semble indiquer la lecture d’un genre de vers, appelé anou. Cette idée d’atome est encore exprimée, dans les livres sanscrits, par le mot सूक्षम​ soûkchma.
  4. Voyez ces mots dans la xviiie lecture.