Page:Langlois - Harivansa ou histoire de la famille de Hari, tome 1.djvu/183

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colère lui fit perdre le fruit. Il désira un fils, qui lui fut accordé : ce fils se nomma Sataprasoûti[1], et fut père de Roukmacavatcha. Ce prince tua sur le champ de bataille, de ses flèches aiguës, cent ennemis couverts de leurs armures et armés de leurs arcs, et s’empara d’un riche butin. Il eut pour fils Parâdjit, sous les coups duquel succombèrent de nobles héros.

Parâdjit fut le père de cinq guerriers forts et invincibles, Roukméyou, Prithouroukma, Djyâmagha, Pâlita et Hari. Il donna en adoption ces deux derniers à deux princes du pays de Vidéha[2]. Roukméyou fut roi, et Prithouroukma lui prêta son secours. Ils chassèrent du royaume Djyâmagha, qui se retira dans un ermitage. Il vécut quelque temps paisible habitant de la forêt, et disciple des Brahmanes ; ensuite, prenant son arc, déployant son drapeau, il monta sur son char de guerre, et se dirigea vers un autre pays. Il conquit, seul, sur les rives de la Narmadâ, la ville de Moûrticâvatî, et soumit à ses lois le mont Rikchavân qui forme une partie de la chaîne appelée Souktimatî[3].

Djyâmagha avait pour épouse une femme forte et pieuse, nommée Sêvyâ. Il était privé d’enfants, et cependant ne songeait point à former d’autres nœuds. Dans un de ces combats dont il sortit vainqueur, il fit prisonnière une jeune fille, qu’il présenta avec quelque embarras à sa femme en lui disant : « Voilà ta bru ! » La jeune fille, en l’entendant, dit aussi : « Voilà votre bru ! » L’excellent roi Djyâmagha reprit la parole : « Ô reine, le fils qui naîtra de toi, sera l’époux de Djâtabhî[4]. » Celle-ci se livra donc à une pénitence sévère, et enfin l’illustre Sêvyâ, humble et pieuse, obtint un fils qui se nomma Vidarbha. Ce prince épousa celle que le roi son père avait appelée sa belle-fille, et il la rendit mère de deux héros sages et habiles dans l’art des batailles, Cratha et Kêsica.

(Vidarbha eut un troisième fils[5], distingué surtout par sa justice, et

  1. Autrement appelé Sataprasavan.
  2. Le Vidéha formait une partie de la province de Bahar, aujourd’hui le Tirhut. C’était la même contrée que celle de Mithilâ, au nord-ouest du Bengale. Dans cette contrée a régné le fameux Djanaca, qui a donné son nom à Djanacapoura, dont Buchanan retrouve les ruines dans Janickpour.
  3. C’est une des sept chaînes de montagnes qui traversent l’Inde. Wilford (Rech. asiat. t. xiv dit que le Rikcha est la partie orientale du Vindhya, s’étendant du golfe de Bengale à la source de la Narmadâ.
  4. Le manuscrit bengali lui donne le nom d’Oupadânavî.
  5. Ce passage, que je crois extrait du Bhâgavata-pourâna, ne se trouve que sur le manuscrit dévanâgari de Paris.