Page:Langlois - Harivansa ou histoire de la famille de Hari, tome 1.djvu/188

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beaucoup d’autres encore. Conserver le souvenir de l’histoire de toute cette race des Andhacas, c’est, n’en doute pas, s’assurer à soi-même l’avantage d’une nombreuse famille[1].

Nous avons vu que Crochtou avait eu deux épouses, Gândhârî et Mâdrî. Gândhârî avait enfanté le vaillant Anamitra ; et Mâdrî, Youdhâdjita et Dévamîdhoucha.

Anamitra fut un prince invincible et redoutable pour ses ennemis. Il eut pour fils Nighna. Celui-ci donna le jour à deux guerriers toujours vainqueurs, Praséna et Satrâdjit. Praséna, se trouvant à Dwâravatî, obtint de Soûrya[2] une pierre précieuse d’une qualité divine, et nommée Syamantaca. Satrâdjit était un ami intime de ce dieu. Un matin, au moment où la nuit se retirait, cet illustre prince, montant sur son char, se rendit sur les bords d’un lac pour y faire ses ablutions et rendre ses hommages au soleil. C’est alors que Vivaswân lui apparut : le dieu au disque brillant avait une forme que les sens ne pouvaient supporter. Le prince lui dit : « Roi des astres, je te vois en ce moment, comme tu te montres toujours dans le ciel, orné d’un disque resplendissant : tu daignes me visiter en ami, et quelle différence de toi à moi ! » Le dieu, en l’entendant, détacha de sa poitrine la pierre Syamantaca, et la jeta à terre : le roi le vit alors sous une forme supportable, et heureux de cette marque d’amitié, il prolongea avec lui l’entretien pendant une heure. Il finit par dire à Vivaswân : « Ô dieu, voudrais-tu bien me donner cette pierre dont tu éclaires les trois mondes ? » Le soleil consentit à lui donner la pierre Syamantaca : le prince l’attacha sur sa poitrine et revint à la ville ; le peuple l’environnait en s’écriant : « C’est le soleil qui vient vers nous. » Toute la ville et le gynécée du prince étaient ravis d’admiration. Satrâdjit, par amitié pour son frère[3], lui céda cette pierre divine. Elle faisait tomber une pluie d’or dans la maison de Vrichni et d’Andhaca : les nuages donnaient dans la saison leurs ondes bienfaisantes ; la maladie n’inspirait aucune crainte[4].

  1. Ce paragraphe n’est que sur le manuscrit dévanâgari de Paris.
  2. Soûrya, et plus bas Vivaswân, sont des noms du soleil.
  3. Ce frère est appelé ici Prasénâdjit, au lieu de Praséna.
  4. Qu’était-ce que cette pierre poétique du Syamantaca ? On pourrait, d’après ce récit, supposer que c’était quelque mine de diamants, qui avait répandu la richesse et l’abondance dans les états du prince qui la possédait. On pourrait croire aussi que le Syamantaca