Page:Langlois - Harivansa ou histoire de la famille de Hari, tome 1.djvu/28

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Prithou eut deux fils, qui furent vertueux, et jouirent du pouvoir de se rendre invisibles (antardhipâlin).

L’un des deux, Antardhâna, eut de Sikhandinî un fils nommé Havirdhâna.

Drichanâ, fille d’Agni et femme de Havirdhâna, devint mère de six enfants, Prâtchînavarhis, Soucla, Gaya, Crichna, Vradja et Adjina.

Le fils aîné de Havirdhâna fut un grand Pradjâpati, un saint qui favorisa la propagation de l’espèce humaine. Ô Djanamédjaya, quand il marchait sur la terre, les pointes de cousa étaient courbées vers l’orient ; de là son nom de Prâtchînavarhis[1]. Il épousa une fille de l’Océan (Samoudra), nommée Savarnâ, qu’il mérita par l’épreuve d’une longue pénitence. Celle-ci eut de lui dix enfants, appelés Pratchétas, tous habiles à tirer de l’arc, tous scrupuleux observateurs de la loi divine et fidèles à leurs devoirs. Pendant dix mille ans, ils se livrèrent aux plus rigoureux exercices de la pénitence au milieu des flots de l’Océan. Cependant la terre, sans protection et sans défense, se couvrait d’arbres, et les hommes dépérissaient ; tel fut l’état du monde sous le règne du Manou Tchâkchoucha. Les vents ne pouvaient plus souffler, le ciel était caché par l’ombre des arbres. Pendant dix mille ans, le genre humain se trouva réduit à l’impuissance la plus complète. À cette nouvelle qui vint les surprendre au milieu de leurs pieuses occupations, tous les Pratchétas irrités soufflèrent de leurs bouches le vent et le feu. Le vent déracinait les arbres, les desséchait, et le feu les consumait. Cette destruction prenait un cours effrayant, quand Soma, apprenant ces désastres, voulut sauver le reste des arbres. Il vint et dit à ces patriarches : « Modérez votre colère, princes fils de Prâtchînavarhis. Apaisez le vent et le feu. Ces arbres vous donneront une femme, véritable miracle de beauté. Remplie, dès le sein de sa mère, de mon influence divine, elle enfantera pour le monde la science et la vérité. Le nom de cette fille des bois est Mârichâ[2]. Que cette

  1. Le cousa est une espèce de gazon sacré (poa cynosuroides) ; le mot varhis a la même signification. Je suppose que ce prince avait tourné ses pensées et porté sa domination vers l'est. Il semble que son empire pouvait s'étendre jusqu’à l'Océan, dont il est dit qu’il épousa la fille. Il est possible aussi que ce ne soit qu'un personnage du zodiaque indien, représenté sur une jonchée de cousas, dont la pointe est tournée vers l'est. Dans les Lois de Manou, lect. ii, sl. 75, il est indiqué qu'au moment de la prière, on est assis sur un paquet de cousas dont les pointes sont tournées vers l'orient.
  2. Ailleurs on dit que Mârichâ était fille du Mouni Candou.