Page:Langlois - Harivansa ou histoire de la famille de Hari, tome 1.djvu/29

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

illustre vierge soit votre épouse : elle est destinée à propager la race de Soma. Par la vertu de votre influence et de la mienne, agissant chacune également, elle aura pour fils un Pradjâpati, nommé Dakcha. Celui-ci apparaîtra comme une flamme brillante, et cette terre que vous avez consumée de vos feux, il la couvrira d’habitants. » Soumis aux conseils de Soma, les Pratchétas épargnèrent les arbres, et, suivant les rites sacrés, prirent pour épouse Mârichâ. Son sein fut fécondé par leur esprit[1], et des dix Pratchétas, ô fils de Bharata, naquit l’illustre Dakcha, issu d’un avatare partiel de Soma.

Dakcha donna naissance à des fils qui augmentèrent la race de Soma, êtres animés et inanimés, bipèdes et quadrupèdes. Par la puissance de son esprit, il créa un certain nombre de filles, dont dix furent données à Dharma, treize à Casyapa, et les autres au roi Soma : ce sont celles-ci que l’on nomme Nakchatras (constellations). Ces filles de Dakcha sont devenues mères des dieux, des oiseaux, des vaches, des serpents, des Dêtyas, des Dânavas, des Gandharvas, des Apsarâs, et de beaucoup d’autres êtres.

Ô roi, depuis cette époque, les familles diverses durent la vie au mélange des deux sexes : la naissance des premiers êtres fut le résultat d’une volonté créatrice (sancalpa)[2], d’une force intuitive (darsana), ou du toucher (sparsa).

Djanamédjayà dit :

On m’a déjà parlé d’une naissance plus ancienne des Dévas, des Dânavas, des Gandharvas, des serpents, des Râkchasas, et du grand Dakcha lui-même. Ô saint Mouni, celui-ci, m’a-t-on dit, était né du pouce droit de Brahmâ, et sa femme du pouce gauche. Comment donc ce pieux person— nage devint-il le fils des Pratchétas ? C’est pour moi une chose obscure que

  1. Il est impossible de ne pas regarder comme allégorique le récit qui donne dix époux à Mârichâ. Le texte porte qu’elle dut son fruit au manas des Pratchétas, comme Dakcha fut père par son manas (mente suâ), ainsi qu’il sera dit plus bas. Selon moi, Dakcha n’est qu’un savant astronome, inventant un système monde, divisant la sphère céleste, donnant des noms aux constellations, et regardé par les poëtes, toujours menteurs, comme le père de tous ces êtres fabuleux que son imagination avait créés.
  2. Voyez dans l’Oupnék’hat, t. I, p. 67, la définition de cette faculté appelée sancalpa.