Page:Langlois - Harivansa ou histoire de la famille de Hari, tome 1.djvu/31

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chasas[1], les Yakchas, les Bhoûtas[2], les Pisâtchas[3], les oiseaux, les quadrupèdes, les serpents. Ces êtres issus de sa pensée ne prenaient aucun développement : alors le pieux Pradjâpati[4], réfléchissant au moyen de produire au dehors ces créatures diverses, se soumit au devoir matrimonial, et prit pour épouse Asiknî, fille du Pradjâpati Vîrana, noble et sainte pénitente, qui est devenue le soutien du monde. D’Asiknî, fille de Vîrana, le grand patriarche Dakcha eut cinq mille enfants.

Nârada[5], ce Dévarchi au doux langage, vit cette illustre race possédée du désir de s’étendre et de se développer : il osa leur donner un conseil qui causa leur mort, et qui devait lui attirer à lui-même l’imprécation de Dakcha[6]. Le Mouni Casyapa, craignant pour Nârada la colère de ce patriarche, s’entremit pour que l’imprudent conseiller devînt dans une seconde naissance fils de Brahmâ et d’une fille de Dakcha. Nârada était déjà une fois né de Brahmâ : le Dévarchi Dakcha, époux d’Asiknî, fille de Vîrana, fut l’aïeul de cet illustre Mouni, ainsi régénéré. On avait dit à Dakcha : « Vos fils, les Haryaswas, viennent de périr, égarés par leurs idées de vertu et de devoir ; tous, ils sont morts, il n’en faut point douter, et c’est Nârada qui en est cause. »

Le puissant Dakcha demandait la mort du coupable : il se présenta devant les Maharchis, mais se laissa fléchir par Brahmâ, à qui il fit cette condition :

  1. Les Râkchasas sont de mauvais génies, ennemis des dieux, avec lesquels ils sont en guerre continuelle. Ils viennent troubler et souiller les sacrifices. Ils prennent toutes les formes, et l’on croit surtout que sous celle d’oiseaux ils se tiennent à quelque distance de ceux qui sacrifient : pour les apaiser, on leur jette alors leur portion de riz. Les Râkchasas sont encore, comme les Yakchas, une classe de divinités inférieures, qui accompagnent le dieu Couvéra.
  2. Les Bhoûtas sont aussi des êtres malins et impurs, qui trompent les hommes et quelquefois les dévorent.
  3. Les Pisâtchas sont des êtres méchants, des démons qui tourmentent les hommes. Comme les précédents, on les donne pour compagnons au dieu des richesses, Couvéra. Les Orientaux pensent que les trésors cachés au sein de la terre, y sont gardés par des génies méchants. Cependant les Yakchas n’ont pas ce caractère, et ils semblent aimer les hommes.
  4. Ce mot pradjâpati signifie père ou maître des êtres. Je le traduis aussi par patriarche.
  5. Dans la mythologie indienne, quand il y a une malice à faire, une indiscrétion à commettre, c’est toujours Nârada qui s’en trouve chargé.
  6. Toutes les fois qu’une imprécation (sapa) est lancée par une personne irritée, l’effet en est certain, serait-elle même injuste. Voyez dans le drame de Sacountalâ la malédiction de Dourvâsas. Tout ce que peut faire un dieu protecteur, ou celui même qui a prononcé cette malédiction, c’est d’en éluder l’accomplissement, en changeant le sens des mots.