Page:Langlois - Harivansa ou histoire de la famille de Hari, tome 1.djvu/35

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nâtagati. Anala donna le jour à Coumâra, qui parut à sa naissance environné des tiges brillantes du gazon sara[1] ; qui, surnommé Sâkha et Visâkha, est représenté dans les livres sacrés sortant du sein de la flamme étincelante ; et qui, élevé comme un fils par les Criticâs, est pour cette raison appelé Cârtikéya, surnom qu’il honore aussi bien que les noms de Scanda et de Sanatcoumâra. Quant à Pratyoûcha, il eut pour fils, comme on sait, le Richi Dévala, père de deux enfants célèbres par leur patience et leurs austérités. Le huitième Vasou, Phabhâsa, prit pour épouse une sœur de Vrihaspati, qui connaissait la science divine, et qui purifiée par la dévotion, traversait le monde sans s’y attacher : elle se nommait Varastrî. Elle fut la mère du grand Pradjâpati Viswacarman, inventeur des arts, ouvrier céleste, dont la main industrieuse façonne tous les ornements, et fabrique les chars des Dévas, et dont les mortels intelligents imitent l’heureuse adresse pour l’avantage et l’agrément de leur vie.

Ô fils de Bharata, Sourabhi, sanctifiée par sa pénitence et la faveur de Mahâdéva, épousa Casyapa, à qui elle donna les onze Roudras ; savoir, Adjécapâd, Ahirvradhna, Pinâkin, Hara, Vahouroûpa, Tryambaca, Aparâdjita, Vrichâcapi, Sambhou, Caparddhin et Révata[2]. Voilà ceux que l’on appelle les onze Roudras, maîtres des trois mondes ; mais il existe encore cent autres Roudras tout-puissants.

Apprends que Casyapa est le père d’une infinité d’enfants que les livres antiques nous représentent comme répandus par toute la nature, et attachés à tous les êtres animés ou inanimés. Voici les noms de ses femmes : Aditi,

  1. Le sara est une espèce de gazon ou de roseau (saccharum sara). Coumâra, Cârtikéya et Scanda sont des noms du dieu de la guerre, fils de Siva : la naissance de ce dieu est une histoire assez obscène, qui ne peut être qu’allégorique. Le germe d’un enfant fut jeté par Siva dans le feu (anala) ; il en sortit un garçon, qui exposé d’abord sur une couche de sara, fut ensuite élevé par les Criticâs, constellation de six étoiles qui correspond aux Pléiades. Le mot sanatcoumâra qui accompagne le mot scanda me semble ici un autre nom de ce dieu. (Voyez cependant la première lecture, où ces deux mots se trouvent de même réunis.) Pour expliquer l’épithète de Visâkha, le docte Wilson dit que ce dieu fut nourri par la constellation Visâkhâ : ce qui n’est guère possible, puisque cette constellation est la seizième, quand Criticâ est la troisième. Ne serait-ce pas Vêsâkha ? Si j’osais, j’expliquerais ces deux épithètes en considérant ce dieu comme une branche (sâkhâ) s’élevant sur le foyer : ramus ramis privatus ou ramosus, ignis dorso natus, शाखः विशाख अग्निपृष्ठजः.
  2. Mes différents manuscrits ne sont d’accord ni sur les noms ni sur le nombre des Roudras ; à ces onze noms que l’on vient de lire, quelques-uns ajoutent ceux de Capâlin et de Sarpa.