Page:Langlois - Harivansa ou histoire de la famille de Hari, tome 1.djvu/78

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es capable de cet exploit. Dans un âge antérieur, Vichnou m’a accordé la mort de cet Asoura terrible ; et c’est à toi que je donne la gloire de le détruire. Il ne faut pas un faible bras pour dompter ce robuste géant : on ressayerait en vain pendant cent ans : telle est la force de Dhoundhou, que les dieux eux-mêmes ne peuvent triompher de lui. »

Ainsi parla le grand Outtanca au pieux monarque Vrihadaswa. Celui-ci lui offrit pour cette expédition son fils Couvalâswa. « Divin Mouni, lui dit-il, j’ai renoncé aux armes ; mais voici mon fils qui saura, je n’en doute point, « conquérir le nom de Dhoundhoumâra. » Après lui avoir ainsi désigné son fils pour ce glorieux exploit, le Richi royal se rendit sur la montagne[1] pour s’y perfectionner par la pénitence. Cependant Couvalâswa avec ses cent fils marcha, accompagné d’Outtanca, pour aller attaquer Dhoundhou : Vichnou lui-même vint l’environner de sa puissance. Au moment où le héros s’avançait au combat par l’ordre d’Outtanca et pour le salut des trois mondes, une grande voix se fit entendre dans le ciel : « Oui, ce noble prince, cet auguste monarque sera Dhoundhoumâra. » En même temps les dieux lui jetèrent de tous côtés de magnifiques guirlandes. Les tambours célestes retentirent, ô fils de Bharata. Le vaillant prince et ses enfants firent des tranchées dans les sables de cette mer profonde. La force de Nârâyana lui-même vint augmenter celle du roi, qui redoubla d’activité. Ses enfants continuaient à creuser des canaux : Dhoundhou, attaqué par eux dans sa retraite souterraine, s’enfuit du côté de l’occident : sa bouche vomissait des flammes, et dans sa colère, il semblait vouloir détruire les mondes. Les eaux qu’il soulève s’élancent avec la rapidité d’un torrent : on dirait l’Océan qui se gonfle à l’apparition de la lune : ce sont des pluies orageuses, ce sont des vagues menaçantes. Les feux du Râkchasa dévorèrent les cent enfants du roi, à l’exception de trois. Alors le prince, avec plus d’acharnement encore, vient assaillir son puissant ennemi. Par la force de sa dévotion, il dessèche les flots impétueux ou éteint les flammes dévorantes, et finit par donner la mort au géant, malgré le feu et l’onde qu’il emploie pour se défendre. Vainqueur et triomphant, il montre à Outtanca son ennemi terrassé ; et celui-ci, pour récompenser ce prince généreux, lui accorda le don d’une

  1. Il était d’usage dans ces anciens temps que les rois, fatigués des affaires, cédassent le trône à leurs fils, et se retirassent dans les bois sacrés ou sur les saintes montagnes, pour ne plus penser qu’à leur salut. Voy. Lois de Manou, lect. vi.