Page:Langlois - Harivansa ou histoire de la famille de Hari, tome 1.djvu/92

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un lit de roseaux[1], le pria de lui donner les explications que tu viens de me demander. Je vais te répéter ce que dit Bhîchma ; et ces détails, Mârcandéya lui-même les tenait de Sanatcoumâra.

Youdhichthira dit :

Ô toi qui connais les règles du devoir, je voudrais bien connaître comment on obtient l’accroissement et la prospérité qu’on désire, et par quels actes on peut éviter le chagrin.

Bhîchma répondit :

Celui qui avec empressement et dévotion s’acquitte du Srâddha, et donne aux Pitris une satisfaction complète, est sûr d’être heureux dans ce monde et dans l’autre. Ô Youdhichthira, les Pitris donnent à celui qui est fidèle à son devoir, des enfants, s’il en demande, de la fortune, s’il en désire.

Youdhichthira reprit :

Il y a des Pitris dans le ciel, d’autres aussi dans les enfers. Les hommes recueillent toujours un fruit de leurs œuvres pieuses : on célèbre un Srâddha avec le désir d’en obtenir quelque avantage. On y comprend dans une triple offrande[2] son père, son aïeul, son bisaïeul. Comment des Srâddhas ont-ils quelque résultat pour les mânes ? Comment ceux qui sont en enfer peuvent-ils en retirer quelque fruit ? Quels sont donc ces autres Pitris, ceux auxquels

  1. Nous connaissons déjà le nom de ce roseau ; c'est le sara (saccharum sara). Bhîchma était fils de Santanou, roi d’Hastinâpoura, et de Gangâ. Il renonça au trône en faveur de son frère. Dans la querelle qui eut lieu entre ses petits-neveux, il prit parti contre les Pândavas. Il y fut même blessé par Ardjouna. A la fin de cette guerre, il donna des avis à Youdhichthira appelé à régner, et quitta ensuite la terre pour monter au ciel. Comme il n'avait point eu d’enfants, ce sont tous les Indiens qui doivent chaque année, dans un srâddha en son honneur, faire sa commémoration, comme s’ils étaient ses descendants.
  2. Le nom particulier de cette offrande est pinda : un pinda est une boule formée de riz, de lait caillé, de fleurs, etc., et que présentent aux mânes des ancêtres les membres d’une même famille, lesquels par cette raison on appelle sapindas. Voyez pour tous ces détails la iiie lecture des lois de Manou, et le viie volume des Recherches asiatiques.