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matérielles indubitables, qu’ils ont habité ce pays pendant de nombreuses années. Tout récemment encore, l’archéologue Norlund a découvert un cimetière près d’Itigait[1] qui remonte à l’époque normande et ce n’est là qu’un témoignage au milieu d’une masse d’autres.

Or, les Sagas nous relatent, comme entrée en matière de leur récit, l’histoire de cette colonisation du Groenland et la vie des colons qui y suivirent Eirik. Puis, elles passent à l’aventure du Vinland, sans que rien puisse nous porter à croire qu’il s’agisse d’autre chose que d’une suite, d’une conséquence de cette colonisation.

Dès lors, si le début des Sagas est historiquement reconnu vrai, et il l’est, pourquoi pourrions-nous douter de la véracité des événements subséquents.

Si même, comme Nansen, nous n’accordions aucune foi aux Sagas, le fait absolu de la découverte n’en resterait pas moins infiniment probable. Le grand savant conclut lui-même : Les Normands établis pendant trois siècles au Groenland ne pouvaient pas ne pas découvrir l’Amérique. »

Or, le développement de cette étude nous a permis d’ajouter un argument de plus ; celui de la véracité évidente des Sagas. D’ailleurs, ces deux Sagas du Vinland ne sont pas les seuls documents où nous puissions puiser, on trouve dans nombre d’autres Sagas ou documents anciens des allusions non douteuses aux mêmes explorations des Normands.

Toutefois les Sagas d’Eirik et de Karlsefni sont les plus complètes et nous fournissent comme renseignements les plus précieux, ces directions qui nous mènent en Amérique, vers le Sud ou le Sud-Ouest du Groenland, c’est-à-dire quelque part dans la région de l’embouchure du Saint-Laurent ou du Sud du Labrador.

Les durées de trajet y sont évidemment trop courtes, mais elles nous donnent toutefois l’impression que les voyages des Normands du Groenland au Vinland n’étaient pas des voyages de longue durée s’étendant sur de grands parcours. Il s’agit de

  1. Probablement dans ce qu’on appelait les « établissements de l’Est ».