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XXII
INTRODUCTION

Odin, le dieu de la guerre, « Allfader », le père de tout, ou « Valfader », le père du destin. Les guerriers qui succombent au champ d’honneur sont ses élus, ils deviennent « Einherjars ». Odin fut transformé plus tard en une sorte d’ancêtre de la nation scandinave.

Frey, qui symbolise la sagesse, dieu du soleil, de la pluie et des moissons ;

Njord, dieu du commerce ; Tyr, dieu des batailles ; Bragi, divinité tout à fait spéciale aux Scandinaves ; l’éloquence et la poésie.

Puis un certain nombre de dieux secondaires, comme Loki, une sorte de diable, malin et méchant ; Heimdal, le gardien du Walhall, qui détient Galgas ou Gyallar, la corne magique et le cheval Guldtopp.

Il y avait aussi, naturellement, des divinités féminines : Frigg, la destinée, qui habite le palais de Fensal ; Freyia, la beauté, l’abondance et la guerre ; Eir, la médecine ; Gegjon la vierge.

Comme les dieux de l’Olympe, les dieux scandinaves ont de scabreuses aventures, leur mentalité est souvent douteuse et le malin Loki le leur fait bien savoir, dans le festin d’Œgir[1]. « J’entrerai dans la salle, je porterai le bruit et le trouble parmi les Ases et je mélangerai leur hydromel d’amertume. »

Toutes les divinités sont issues de la race des Ases, nom qui s’étend parfois aux populations conquérantes qui envahirent le Nord de l’Europe dans les grands mouvements des peuples barbares. On retrouve dans leur théogonie l’expression de l’intellectualité religieuse issue des craintes et des espérances des primitifs, la peur des forces naturelles et le besoin de protection qu’elles engendrent, communes à la plupart des peuples à un certain degré d’évolution.

Le concept de la création du monde est fruste. Les fils de Boerr tuèrent le géant Hymer. Ils portèrent « le corps au milieu de l’abîme Ginnung et en firent le monde, son sang devint la mer et les lacs ; la terre fut faite avec sa chair ; les montagnes

  1. Eddas de Soemund. Le Festin d’Œgir [8].