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Page:Langlois - La decouverte de l'Amerique par les Normands vers l'an 1000. Deux sagas islandaises, 1924.djvu/34

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XXVIII
INTRODUCTION

temps et ce pays fut le refuge des gens qui fuyaient la tyrannie naissante. Nous aurons à y revenir.

Tout ceci représente le cadre social où évoluent les grands. Il est plus difficile de voir, à travers les documents, la vie populaire qui intéressait moins les Scaldes, hôtes des grands ou grands eux-mêmes.

Et cependant, ce sont des gens du peuple que nous allons voir vivre dans les Sagas du Vinland, que leurs exploits rendront célèbres, qui deviendront des héros populaires, que les Scaldes chanteront, gens de peu, marins ou fermiers, au début de l’aventure. Certains grands conquérants espagnols, plus tard, nous offriront le même exemple d’aventuriers de petite naissance, qui par vertu de conquête et d’exploits deviendront nobles et marquis, comme Eirik devint le chef reconnu de sa colonie du Groenland, dont le fils Leif était reçu par le roi de Norvège.

La vie scandinave était agricole, commerciale, mais par dessus tout maritime. Ce peuple, par suite des conditions géographiques, vivait presque partout sur les côtes ou dans les îles et les presqu’iles, en lisière de régions intérieures montagneuses et arides à peu près inhabitables. Il était donc naturel qu’il fût marin, mais fermier aussi et de caractère passablement nomade. Il vivait de sa pêche et de son élevage. Il cultivait peu une terre défavorable aux céréales, mais il exploitait les pâturages sur lesquels paissait un nombreux bétail. Les îles Faroë s’appellent les îles aux moutons (faar : mouton). Les colons nordiques transportaient au loin ce bétail par mer, dans les moments de besoin, comme par la steppe au moment des grandes migrations ; nous verrons Karlsefni en emmener à son bord dans sa tentative de colonisation du Vinland. Le bétail du Groenland fut importé par Eirik et ses compagnons.

Aussi les terres que les Normands recherchaient étaient surtout celles qui étaient favorables à l’élevage, c’est le cas de l’Angleterre, de la Normandie ; nous verrons qu’un des caractères préférés du Vinland, c’était ses pâturages toujours verts.

Pour trouver des terres libres et fertiles, ces aventuriers n’hésitaient pas, à la suite de chefs audacieux, à affronter les