Page:Langlois - Le couronnement de Louis.djvu/149

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cxlii
introduction

manuscrits, rien ne nous apprendrait si le trouvère vivait au xiiie, au xiie ou au xie siècle.

Aucun nom, aucune date, aucun fait historique ne se trouvent dans le poème, qui puissent nous éclairer dans cette recherche ; les évènements les plus récents auxquels il soit fait allusion sont du xe siècle. Il ne reste donc d’autre moyen que d’étudier la langue de l’auteur ; mais cette langue a été dénaturée, et pour la reconstituer il faut précisément connaître l’époque et le pays du trouvère. Heureusement ce cercle vicieux n’est pas aussi complètement fermé qu’il paraît l’être. Dans l’œuvre de transformation à laquelle ils se livraient, les remanieurs rencontraient des difficultés devant lesquelles ils ont reculé, ou qu’ils n’ont vaincues qu’à demi, de sorte que çà et là ils nous laissent entrevoir l’œuvre originale. Grâce à ces éclaircies, on peut reconnaître le niveau primitif du sol et déblayer le terrain de toutes les alluvions dont le cours des siècles l’a en partie recouvert. Je m’explique par un exemple : le mot roiaume, roiaulme, ainsi écrit dans les manuscrits, est répété assez fréquemment dans le poème ; cette orthographe et la prononciation qu’elle suppose sont elles l’orthographe et la prononciation du poète ? Évidemment non : ce mot assone dans la première laisse avec le son nasalisé am..e, et pour qu’il en fût ainsi il fallait que l’a fut immédiatement suivi de la nasale. La forme roiaume, roiaulme est donc celle des copistes et non celle de l’auteur.

Le principal obstacle pour les remanieurs était l’assonance ou la rime, quelquefois aussi, mais à un