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introduction

fût plus ancienne que la nôtre. Je donnerai plus loin deux remaniements en prose qui ne parlent pas de cette blessure. Voici un passage d’une chronique française du xive ou du xve siècle qui rattache cet accident à une autre période de la vie de Guillaume : « Guillaume d’Orange avoit eu le bout du nés couppés a la troisieme bataille ou il fut devant Nerbonne. Si l’applerent plusieurs Guillaume au Court Nés[1]. »

De qui donc Guillaume a-t-il pris la place dans notre poème ?

Dans la 3e partie du Coronement Looïs, au vers 1619, le nom de Guarin de Rome, donné par les familles de manuscrits B et C, est remplacé dans la famille A par Gontier de Rome. Dans les manuscrits, les noms propres sont souvent abrégés et un copiste, dont l’esprit était rempli des noms de Guarin de Montglane et de Guarin le Loherain, résolvait tout naturellement l’abréviation G. de Rome en Guarin de Rome. Pour lire Gontier de Rome, il fallait ou que ce nom fût écrit en toutes lettres, ou que le copiste connût un personnage héroïque du même nom. Or, ce personnage est évidemment ce neveu de l’empereur Louis, Gontier, qui délivra Guaifier assiégé par les infidèles, et trouva la mort, à l’âge de quinze ans, dans les bras de la victoire. C’est le même évènement historique qui fit entrer l’oncle et le neveu dans la poésie. Lorsque plus tard les remanieurs identifièrent avec Louis, fils de Charlemagne, tous les rois ou empereurs du même nom, lorsqu’ils firent de Guil-

  1. Bib. nat., manus. fr. 5003, f. 127 v°.