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l’élément historique

Pour moi, je crois l’origine de notre chanson antérieure aux conquêtes des Normands dans l’Italie méridionale, tout en trouvant exagérée l’antiquité que Jonckbloet est prêt à lui accorder, quand il dit qu’ « elle date peut-être du temps des campagnes en Italie de Pépin ou de Charlemagne, qui tous deux marchèrent à la défense du pape[1]. » Il me paraît évident que cette branche du Coronement Looïs remonte aux souvenirs du siège de Salerne en 872-873[2].

Guillaume de Bezalu, surnommé Trunnus, cité par Jonckbloet[3] à cause du surnom de Guillaume au Court Nez, n’a rien de commun avec le poème.

J’ajouterai qu’il a dû exister une rédaction ne mentionnant pas l’accident qui a écourté le nez de Guillaume. Mais je suis loin de dire que cette rédaction

  1. Guil. d’Or., p. 111
  2. Aux arguments que j’ai développés en faveur de cette thèse, j’en joins ici un autre ; à savoir que je me suis presque rencontré sur ce terrain avec Jonckbloet, dont je n’avais pas encore remarqué les lignes suivantes, lorsque je m’arrêtai à l’opinion que je viens d’exprimer : « Dans le dernier quart du ixe siècle, les Sarrasins mirent plusieurs fois l’Italie à sac, et pénétrèrent même jusque dans les environs de Rome. Louis, roi d’Italie, leur fit une guerre acharnée, et c’est de ce temps que figure Gaifier duc de Salerne, qui prit tant de part aux troubles qui désolèrent l’Italie, et qui mourut vers 879. Ce Gaifier revient dans notre chanson et dans celle d’Aspremont, quoiqu’il y joue un rôle tout autre que dans l’histoire. Nul doute que les souvenirs de ces guerres se sont mariés à ceux du commencement du siècle suivant pour former cette branche de notre chanson. » (Ibid., p. 111.)

    Mais je ne concilie pas très bien cette dernière phrase avec celle où Jonckbloet dit que notre chanson « date peut-être du temps des campagnes en Italie de Pépin ou de Charlemagne. »

  3. 3. Ibid., p. 115.