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BIBLIOGRAPHIES UNIVERSELLES.

prier, sans les vérifier, les indications des répertoires antérieurs, et qui travaillent beaucoup, mais toujours de seconde main, ne pourra jamais devenir, comme on se l’est naïvement figuré, « l’organe principal de la vie intellectuelle des peuples ». — La grande erreur des promoteurs de la Bibliotheca universalis de Bruxelles est d’ignorer, ou d’agir comme s’ils ignoraient (peut-être l’ignoraient-ils à l’origine), qu’il existe déjà un outillage bibliographique très compliqué et, en partie, excellent. Cet outillage a, sans doute, ses lacunes et ses imperfections, que les hommes compétents connaissent, et que, de tous côtés, ils s’appliquent à combler ou à corriger. Mais il ne saurait être question de travailler désormais, dans le domaine de la Bibliographie, comme sur une table rase, en faisant abstraction de ce qui est. L’œuvre qui s’impose, aujourd’hui, est, non pas de remplacer l’outillage qui existe, mais d’en enseigner le maniement (car la plupart des intéressés en ignorent l’existence), d’en reconnaître le fort et le faible, et de l’améliorer. Il semble, d’ailleurs, que l’Institut international de Bibliographie ait commencé à entrevoir ces vérités : Peut-être ses amis les plus éclairés attachent-ils, dès maintenant, moins d’importance aux trois millions de fiches, destinés à représenter la littérature antérieure à 1900, qui ont été exposés en 1900 par l’Institut « dans le Palais des Congrès », qu’aux répertoires périodiques de bibliographie courante, destinés à compléter la collection, déjà si riche, des répertoires de ce genre, dont l’Institut a commencé la publication régulière[1]. — En tout cas, il faut attendre, avant d’adhérer à l’espoir que le Répertoire de Bruxelles sera considéré un jour comme « le monument typique de la Bibliographie », que l’on ait enfin montré, autrement que par des affirmations sans preuves, à quoi il pourrait servir, dans l’état actuel de la science.

  1. Voir la liste des Bibliographies courantes publiées sous les auspices de l’Institut ( « Bibliographia sociologica », a B. philosophica », « B. astronomica », etc.) dans Fr. Milkau, o. c, p. 17. Cf. Bulletin cité, 1899, p. 179-184. — La plupart de ces répertoires de la production courante pour certaines spécialités, publiés par l’Institut, sont, du reste, jusqu’à présent, de type rudimentaire et de qualité inférieure.