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[Lect. VI.]
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RIG-VÉDA. — SECTION PREMIÈRE.

apportent la joie ! Et vous, adorables Aswins, exaucez aussi notre vœu !

5. Nous appelons à notre secours le maître souverain des êtres animés et inanimés, ce roi[1] qui se plaît à nos prières. Que Poûchan[2] soit pour nous une source intarissable de richesses, et, invulnérable lui-même, qu’il nous sauve, nous garde et nous protége !

6. Qu’il nous protége, le grand et glorieux Indra ! Qu’il nous protége, le magnifique Poûchan ! Qu’il nous protége, Arichtanémi, fils de Târkcha[3] ! Que Vrihaspati[4] nous protége !

7. Que les Marouts à la marche brillante, que ces fils de Prisni, amenés par leurs daims, viennent à nos sacrifices ; que tous les dieux, sages[5] et resplendissants comme le soleil, (que ces dieux) dont Agni est la langue[6] accourent ici pour nous défendre !

8. Ô dieux dignes de nos sacrifices, que nos oreilles, que nos yeux n’entendent, ne voient que des choses heureuses ! Que nos membres soient pleins de force, et, pour prix de nos hommages, que nous obtenions de jouir de toute la vie que le ciel nous accorde !

9. Ô dieux, donnez-nous cent ans d’existence ! Et quand vous aurez courbé nos corps sous le poids de la vieillesse, quand nos fils seront devenus nos soutiens[7], n’allez pas nous retrancher la moitié de notre vie !

10. Aditi, c’est le ciel ; Aditi, c’est l’air ; Aditi, c’est la mère, le père et le fils ; Aditi, ce sont tous les dieux et les cinq espèces d’êtres[8] : Aditi, c’est ce qui est né et ce qui naîtra.


HYMNE X.

À tous les dieux, par Gotama.

(Mètres : Gâyatrî et Trichtoubh.)

1. Que Mitra, que Varouna, que le sage Aryaman, nous dirigent dans la bonne voie, et avec les autres dieux se plaisent à nos sacrifices.

2. Les dieux sont les dépositaires des trésors, et chaque jour ils poursuivent sans trouble leurs œuvres brillantes.

3. Immortels, qu’ils nous accordent le bonheur, à nous qui sommes mortels, et qu’ils repoussent nos ennemis !

4. Que nos pas soient heureusement conduits par Indra, les Marouts, Poûchan, Bhaga et (les autres) également dignes de nos hommages !

5. Que nos prières nous procurent des vaches fécondes ! Poûchan, ô Vichnou, ô Vâyou[9], comblez-nous de vos bénédictions.

6. Pour l’homme qui offre le sacrifice, doux est le souffle des vents, douce est l’onde des fleuves. Que les plantes (de la terre) soient douces pour nous !

7. Que la Nuit et les Aurores soient douces pour nous ! Qu’il soit doux, l’Air qui environne la Terre ! qu’il soit doux, le Ciel notre père !

8. Qu’il soit doux pour nous, le dieu qu’on appelle Vanaspati[10] qu’il soit doux, le soleil ! Que les vaches[11] soient douces pour nous !

9. Favorables nous soient Mitra et Varouna ! favorable, Âryaman ![12] favorables, Indra et Vrihaspati ! favorable, Vichnou aux grands pas[13] !


HYMNE XI.

À Soma, par Gotama.

(Mètres : Pankti, Gâyatrî, Ouchnih, Trichtoubh.)

1. Ô Soma[14], tes services sont appréciés par notre esprit. Tu nous conduis dans la meilleure des voies. Sous ta direction, ô dieu appelé Indou[15],

  1. Sans doute Indra.
  2. Nom d’un Aditya.
  3. Arichtanémi est un personnage mythologique que le commentateur semble confondre avec Garouda. Le Harivansa le représente comme fils de Casyapa et de Vinatâ, tandis que le Vichnou-Pourâna le confond avec Casyapa lui-même : telle serait aussi l’opinion de l’auteur du Mahâbhârata. Voy. Vichnou-Pourâna, p. 123, note 23. Târkcha ou Trikcha est un nom de Casyapa, et l’épithète Târkchya signifie fils de Târkcha ou Trikcha.
  4. Vrihaspati est un des noms d’Agni.
  5. Adjectif remarquable dans le texte : car c’est le pluriel de Manou Manavah.
  6. Il faut se rappeler la fonction d’Agni, qui reçoit les offrandes destinées aux dieux.
  7. Littéralement : quand nos fils seront devenus nos pères. Peut-être plus simplement : quand nos fils seront devenus pères.
  8. Voy. p. 45, col. 1, note 1. Ce passage sur Aditi me rappelle ce vers d’Orphée :

    Πάντων μὲν σὺ πατὴρ, τροφὸς ἠδὲ τιθηνὸς.

    Le nom même d’Aditi ne se retrouve-t-il pas dans cet autre vers :

    Μητέρα τ’ ἀθανάτων, Ἄττιν, ϰαὶ μῆνα ϰιϰλήσκω.

  9. Le texte donne l’épithète Evayâvah, que le commentateur rapporte au dieu du vent.
  10. Épithète du dieu Agni. Voy. p. 48, col. 1, note 1.
  11. Sans doute les vaches célestes ou les nuages.
  12. Nous avons vu, p. 42, col. 1, note 3, ce que c’étaient que Mitra et Varouna. Mitra préside au jour, et Varouna à la nuit ; autrement, l’un est le soleil de jour, l’autre le soleil de nuit, couvert de voiles noirs. Quant à Aryaman, le commentateur le regarde comme le jour astronomique, Ahorâtram.
  13. Voy. p. 52, col. 2, notes 7 et 9.
  14. Je ne pense pas que cet hymne soit consacré à la Lune ; il est destiné à célébrer le dieu de la libation, appelé Soma et Indou, noms qui ont été aussi donnés à la Lune. La puissance du Soma est celle du sacrifice lui-même.
  15. Ce mot signifie liqueur.