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[Lect. VI.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

nos pères, pieux et sages, ont obtenu la faveur des dieux.

2. Ô Soma, saint dans les choses saintes, généreux dans les choses généreuses, abondant dans les choses abondantes, tu es opulent, tu es grand, tu es le précepteur des hommes.

3. Tes œuvres sont celles du royal Varouna ; ton influence, ô Soma, est étendue et profonde. Pur comme l’aimable Mitra, comme Aryaman, ô Soma, tu donnes l’accroissement (aux êtres).

4. L’influence que tu possèdes au ciel, sur la terre, sur les nuages, les plantes et les eaux, ô Soma, roi débonnaire et clément, daigne l’exercer en notre faveur, et accepte nos holocaustes !

5. Ô Soma, tu es le maître des saints, tu es roi et vainqueur de Vritra, tu es l’agent de notre bonheur.

6. La mort ne nous atteindra pas, (si) ton désir est que nous vivions, ô Soma, toi qui aimes nos louanges, et qui es Vanaspati[1].

7. Ô Soma, tu donnes à l’homme qui offre le sacrifice, qu’il soit jeune ou vieux, une part convenable dans les biens de la vie.

8. Roi Soma, défends-nous contre tous les méchants ; l’ami (d’un dieu) tel que toi ne peut périr.

9. Ô Soma, accorde-nous ces secours protecteurs dont tu entoures tes fidèles.

10. Agrée ce sacrifice et cet hymne, et viens, ô Soma, augmenter notre bien-être !

11. Par nos chants nous savons augmenter ta gloire, ô Soma ! Viens nous visiter avec bonté.

12. Ô Soma, accrois notre richesse, détourne de nous la maladie, agrandis nos trésors, double notre opulence ; sois pour nous un véritable ami !

13. Soma, sois heureux dans notre cœur, comme la vache dans les pâturages, comme le père de famille dans sa maison.

14. Divin Soma, un (dieu) sage et bienfaisant, (tel que toi), s’attache au mortel qui met son bonheur dans ton amitié.

15. Ô Soma, délivre-nous de l’imprécation ! garde-nous contre le mal ! sois pour nous un diligent ami !

16. Croîs donc, ô Soma ! apparais dans toute la plénitude de ta force, et réunis en toi tous les biens !

17. Croîs, heureux Soma, et pare-toi de toutes tes splendeurs ! Sois un ami qui nous ouvre la source de l’abondance et de la gloire !

18. Vainqueur de tes ennemis, qu’en toi se réunissent la douceur, l’abondance et la force des aliments ! Croissant, ô Soma, pour l’immortelle ambroisie, deviens pour nous dans le ciel le trésor de la plus précieuse nourriture !

19. Tous ces biens, que l’on offre ici en holocauste, viennent de toi : que (Agni) enveloppe (de ses flammes) notre sacrifice ! Soma, toi qui augmentes notre opulence et qui fais notre salut, toi qui es la force de nos héros et la mort de nos ennemis, viens visiter nos demeures.

20. À celui qui l’honore, Soma donne des vaches, de légers coursiers, des fils courageux et habiles, distingués dans leur ménage, dans les sacrifices, dans les assemblées, soumis à leur père.

21. Ô Soma, soyons heureux d’un (dieu tel que toi), qui, invincible à la guerre, comble nos vœux dans les combats, qui nous donne la prospérité avec les eaux (de la pluie), qui protège le sacrifice, et qui, croissant au milieu des offrandes, possesseur d’une brillante demeure, se montre glorieux et triomphant.

22. Ô Soma, c’est toi qui as produit toutes les plantes, les eaux et les vaches, toi qui as étendu le vaste ciel, toi qui dans ta lumière as enseveli l’obscurité.

23. Dieu fort, ô Soma, que ta divine prudence nous accorde la part de richesses (que nous désirons) ! Combats pour nous ; personne ne peut lutter contre toi. Tu es le maître de la force, et règnes sur les deux partis : donne-nous la supériorité dans la bataille.


HYMNE XII.

À l’Aurore et aux Aswins, par Gotama.

(Mètres : Djagatî, Trichtoubh et Ouchnih.)

1. Les Aurores élèvent leur drapeau, et, dans la région orientale du ciel, annoncent la lumière. Pareilles à des guerriers qui brillent sous leurs armes, s’avancent les vaches[2] (célestes), ces nourrices (du monde) aux couleurs empourprées.

2. Les rayons enflammés s’élancent sans obstacle, et attellent (au char du matin) ces vaches rougeâtres et dociles. Les Aurores remplissent leur antique fonction, et bientôt les teintes vermeilles (de leurs coursiers) se fondent dans les teintes dorées de la lumière.

  1. Nom donné à Agni, et que le poëte emploie ici pour Soma. Voy. p. 48, col. 1, note 6.
  2. Ce sont les lueurs de l’aurore, colorant les nuages légers du matin.