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[Lect. III.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

voulez, vous pouvez encore vous enivrer des liqueurs offertes dans le troisième sacrifice[1]. »

9. « Les libations sont abondantes, » dit un (des assistants). « Le feu est ardent, » dit un autre. Plusieurs autres s’occupent de la vache (du sacrifice), ou, avec les formules d’usage, remplissent les coupes.

10. Celui-ci apporte le riz, l’eau, (les boissons faites du lait de) la vache ; celui-là dispose les chairs qui sortent de la cuisine. Un autre emporte les ordures. Enfin, assistés de leurs enfants, le père et la mère de famille prennent leur place.

11. Ô généreux Ribhous, c’est à vos bons offices que nous devons la verdure dans les lieux élevés, les eaux dans les lieux inférieurs. Tant que vous dormez au sein de ce (dieu), qui ne peut rester caché[2], vous demeurez inconnus au monde.

12. Mais quand, mêlés (au soleil), vous parcourez les airs, alors les vénérables pères et mères de famille[3] vous honorent partout. Malheur à celui qui arrête votre bras[4] ! Gloire à celui qui vous chante !

13. Fortunés Ribhous, vous avez fait cette question : « (Ô dieu), qui ne peux rester caché, quel est donc celui qui a éveillé ce monde, et nous (a donné le signal ? » (Le dieu) vous a dit que c’était le chien[5] qui rompt le silence de la nuit. Et, dans l’astre qui parcourt l’espace, vous avez éclairé le monde.

14. Les Marouts vont dans le ciel, Agni sur la terre, le vent dans l’air, Varouna dans les eaux et les mers, vous désirant partout, vous enfants de la Force[6].


HYMNE V.

Sacrifice du cheval, par Dîrghatamas.

(Mètres : Trichtoubh et Djagatî.)

1. Que Mitra, Varouna, Âryaman[7], Vâyou[8], Indra, Ribhoukchas[9] et les Marouts, ne réclament rien de nous, pendant que nous allons chanter dans le sacrifice les vertus du rapide cheval, né des Dévas[10].

2. Quand on amène la victime prisonnière, ce beau (cheval), magnifiquement orné, qu’on frappe avant lui un bouc de couleurs diverses[11] ! C’est là une offrande aimée d’Indra et de Poûchan.

3. Ce bouc est conduit devant le rapide cheval, destiné à Poûchan et aux Viswadévas. C’est aussi pour Twachtri, une offrande agréable et précieuse à lui présenter avec le coursier.

4. Quand donc les enfants de Manou mènent trois fois autour (du foyer) ce cheval, qui, dans le moment propice, doit être immolé aux dieux, alors ce bouc, leur annonçant le sacrifice, marche le premier consacré à Poûchan.

5. Que le prêtre sacrificateur, habile dans la science (divine), la coupe à la main et l’hymne à la bouche, s’approche d’Agni, qui l’éclaire de ses rayons. Par l’appareil d’un brillant sacrifice et par le choix de nos offrandes, sachons plaire (aux dieux).

6. Vous qui coupez les poteaux ou qui les portez, vous qui attachez au poteau l’anneau du cheval, ou qui apportez sa nourriture, venez, nous avons besoin de vos soins.

7. Tels sont mes vœux : que ce (coursier), à la croupe flexible[12], vienne heureusement combler les espérances des dieux ! que les sages Richis l’ac-

  1. Autrement, le troisième savana, celui du soir.
  2. Ce dieu est Agni, ou le soleil.
  3. Traduction incertaine : car ces deux personnages peuvent être aussi le Ciel et la Terre, aïeuls du monde, et assistant partout les Ribhous.
  4. Les bras de cette espèce de dieux, ce sont leurs rayons. Arrêter leur bras, c’est peut-être aussi gêner leur sacrifice.
  5. Le chien qui rompt le silence de la nuit, c’est le vent, suivant le commentaire. Mais il faut se rappeler qu’il y a une chienne nommée Saramâ, et qui n’est autre chose que la prière, dont la voix éveille, le matin, tous les êtres pour le sacrifice.
  6. Agni est un quatrième Ribhou ; et réciproquement les Ribhous doivent être des formes d’Agni, lequel est, comme on sait, enfant de la force.
  7. Ces trois noms sont ceux de trois Âdityas : nous savons que Mitra est l’âditya du jour, et Varouna celui de la nuit. Nous avons vu tout à l’heure que ce dernier habitait les eaux et les mers, parce que la nuit engendre les vapeurs et l’humidité. Pour Aryaman, le commentaire dit ici que c’est l’âditya de la mort, antacâlâbhimanî.
  8. Le texte porte âyou, que l’on explique par l’idée du vent qui va toujours.
  9. C’est ordinairement une épithète d’Indra : cependant, comme le mot signifie séjour des Ribhoux, ce pourrait bien être le soleil.
  10. Ce sont les dévas, c’est-à-dire les prêtres, qui le choisissent pour le sacrifice.
  11. Ainsi le col et le front doivent être blancs. Voyez, dans le Dabistan de M. Troyer, (tome II, page 79), des détails curieux sur cette espèce de sacrifice.
  12. Vitaprichtha : le commentaire l’explique par homâvânita ou paryagnicrita.