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[Lect. VII.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

naissant leur injustice, se sont rendus à l’endroit (où la victoire les attendait), et ils en sont revenus maîtres de précieuses dépouilles[1].

7. Oui, ces justes avaient vu l’injustice ; ils ont pris le grand chemin (du sacrifice) ; le feu a été soufflé, et les sages (Angiras) ont, de leurs mains, placé dans son foyer (le dieu) dont on ne soupçonnait pas l’existence.

8. Le maître de la chose sainte porte un arc, dont le sacrifice est la corde : il lance ses traits rapides partout où il veut. Les (Prières) ses épouses sont comme les flèches dont il perce les Rakchasas, et qui, placées sous l’œil de l’habile (archer), attendent le long de son oreille l’ordre du départ[2].

9. Le maître de la chose sacrée mérite nos louanges ; il est notre compagnon, notre guide, notre pontife. Il combat avec nous. Lorsqu’en sa qualité de sacrificateur il reçoit et porte les offrandes avec les prières, le Soleil s’échauffe des feux du sacrifice.

10. Vrihaspati donne la pluie, et ses présents sont les plus beaux, les plus grands qu’on puisse obtenir. Ces dons du plus aimable, du plus opulent (des dieux) font le bonheur des prêtres, des pères de famille, de tout le peuple.

11. Le maître de la chose sainte, dans son séjour inférieur, s’étend avec force de tous côtés, et il aime à soutenir la fortune des grands. Dieu, il s’élève vers les dieux, et protége au loin tous les êtres.

12. Tous nos hommages s’adressent à toi et à Maghavan. Les ondes (et tous les autres êtres) ne sauraient entraver vos œuvres. Ô Indra et Brahmanaspati, venez tous deux avec une égale rapidité, à nos offrandes et à nos holocaustes !

13. Les dociles coursiers nous ont entendus. Le sage, accoutumé à nos cérémonies, offre nos prières et nos libations. Ennemi des Rakchasas, cède à ton désir, et viens ici contracter une dette, ô maître de la chose sacrée, que ces mortels assemblés honorent par leurs présents.

14. Le maître de la chose sacrée a reçu de nous, suivant son désir, de justes hommages. Ces (dieux) réunis feront de grandes œuvres. C’est lui qui a délivré les vaches (célestes), et qui les a précipitées du ciel. C’est sa puissance qui a brisé (le nuage), et l’a lancé comme un large torrent.

15. Ô maître de la chose sacrée, puissions-nous chaque jour posséder une heureuse et abondante opulence ! Donne à des héros des héros pour enfants, (dieu) puissant, et reçois mon invocation et mon offrande !

16. Ô maître de la chose divine, toi qui conduis ce (monde), entends mon hymne, et prends ma race sous ta protection ! Qu’il soit fortuné pour nous, ce saint appareil que chérissent les dieux ! Pères d’une heureuse lignée, puissions-nous chanter longtemps encore dans les sacrifices !


HYMNE II.

À Brahmanaspati, par Gritsamada.

(Mètre : Djagatî.)

1. L’homme qui allume le feu sacré, et qui accomplit les saintes pratiques, perdra ceux qui veulent sa perte. L’homme qui offre l’holocauste prendra de rapides accroissements. Il verra son fils lui donner des petits-fils, celui que le maître de la chose sacrée regarde comme son ami.

2. Avec ses gens il perdra les gens qui veulent sa perte. Il verra croître la fécondité de ses vaches, et connaîtra tous les biens. Il verra se multiplier ses fils et ses petits-fils, celui que le maître de la chose sacrée regarde comme son ami.

3. La digue a plus de force que le fleuve, l’homme plus que l’eunuque, le mortel pieux plus que ses ennemis. Agni donne plus de vigueur à l’action de celui que le maître de la chose sacrée regarde comme son ami.

4. Les (ondes) célestes se détachent (du nuage) pour lui. Parmi ceux qui honorent (les dieux), il est toujours le premier pour ses vaches. Il possède une force indomptable et triomphe par sa puissance, celui que le maître de la chose sacrée regarde comme son ami.

5. Pour lui coulent toutes les ondes ; en lui se concentrent des biens aussi nombreux que durables. Heureux sous la protection des dieux, il croît en prospérité, celui que le maître de la chose sacrée regarde comme son ami.


HYMNE III.

À Brahmanaspati, par Gritsamada.

(Mètre : Djagatî.)

1. Le chantre (des dieux) perdra ceux qui veulent le perdre. L’homme pieux triomphera de l’impie. L’observateur (des saintes pratiques) vain-

  1. Voy. page 44, col. 1, note 7.
  2. Ces mots sont la paraphrase de l’épithète carnayoni, à laquelle on peut trouver un autre sens. D’après ce sens, la prière repose dans l’oreille du dieu.